LE FILS DE L'ÉPICIÈRE, LE MAIRE, LE VILLAGE ET LE MONDE

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Lussas un petit village en Ardèche, c’est l’hiver et on taille les vignes. Soutenu par le maire Jean-Paul Roux, son ancien camarade de classe Jean-Marie Barbe se lance dans une entreprise très singulière : créer une plateforme numérique par abonnements et dédiée aux documentaires d’auteur. C’est la naissance de Tenk, une start-up en territoire rural. Le pari ainsi lancé sera-t-il tenu ? Telle est l’histoire vraie que raconte Claire Simon dans un documentaire intitulé Le Fils de l’épicière, la maire, le village et le monde. 

« Du virtuel au béton, de l’idée à la pierre » : Claire Simon résume ainsi ce qui l’a poussé à réaliser son film. A Lussas, en effet, il s’agit de créer une plateforme mais également un lieu pour le documentaire, une construction en béton d’un coût de trois millions d’euros. C’est dit-elle, « le seul endroit au monde où cela existe : un bâtiment en dur pour le documentaire. » Pour la cinéaste, il s’agissait donc de filmer la naissance et de ce projet dans le monde virtuel et l’édification d’un lieu bien réel. 

A propos des quatre années que dura le tournage de ce documentaire, Claire Simon explique : « J’avais l’impression que les mêmes problèmes se posaient aux agriculteurs et aux diffuseurs, créateurs de documentaires : comment parvient-on à faire ce qu’on aime et à en vivre, qu’il s’agisse de fruits, de vin, de cinéma ? »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA VIE MODERNE (Raymond Depardon, dans des territoires proches de ceux filmés par Claire Simon, brosse le tableau d'une autre ruralité confrontée, elle, au déclin.) ou encore GOOD MORNING ENGLAND (A travers une fiction, la naissance improbable d'une radio pirate sur un bateau au large de l'Angleterre, comme en écho à la création de la création d'une plateforme numérique dédiée au cinéma documentaire en Ardèche).

Avec Le Fils de l’épicière, le maire, le village et le monde, Claire Simon montre clairement que c’est l ‘économie qui décide de tout et comment elle est la langue commune d’activités qui semblent a priori très différentes.  En insistant alors sur la dramaturgie qui va de pair : Est-ce qu’on va tenir ? Le succès sera-t-il au bout de la route ? Comment peut-on y parvenir ? A quel prix ? Selon quels partis pris également ? Autant de questions qui nécessitent engagement, implication, souffrance et joie au quotidien. 

La réalisatrice filme ainsi une entreprise humaine faite de rapports de force, de départs en colère et d’arrivées enthousiastes. A Lussas, on danse mais on pleure également dans la marche vers la mise en place des projets numériques et architecturaux. Et les spectateurs sont invités à partager ces inquiétudes, ces découragements et ces emballements. Comment continuer ? C’est de fait la question qui revient sans cesse au fil des subventions retirées et d’autres renouvelées. 

C’est bien évidemment une forme d’utopie qui intéresse ici Claire Simon Mais une utopie bien vivante et qui réussit, puisque la plateforme Tenk compte plus de 25000 abonnés qui ont à tout moment accès à plus de 60 films selon une programmation évolutive élaborée par une équipe de 20 programmateurs. Et désormais la plateforme de Lussas est accessible dans toute l’Union Européenne et au Royaume-Uni.