L'OMNIBUS DES TOQUES en VOD
- De
- 1950
- 25 mn
- Jeunesse
- France
- Tous publics
- VF
Réalisé par
PARCE QUE
À l’origine se trouve le Baron de Münchhausen, une personnalité historique allemande du 18ème siècle, qui fut notamment un mercenaire à la solde de l’impératrice Élisabeth 1er de Russie. De retour en Allemagne il confie ses exploits totalement loufoques à l’écrivain Rudolf Erich Raspe qui les publiera en anglais 1785, avant que Gottfried August Bürger ne les remanie en allemand. C’est le fils de Théophile Gautier qui les traduira pour l’hexagone en 1854. Un personnage assez similaire à notre Cyrano de Bergerac, qui connaîtra les honneurs de plusieurs adaptations cinématographiques, dont celle de Georges Méliès en 1911.
À l’instar de ces adaptations officieuses de Jules Verne que sont Le voyage dans la Lune et À la conquête du Pôle, Georges Méliès va adapter assez librement la version des aventures de Baron de Münchhausen de Gottfried August Bürger. Méliès va concentrer son récit sur une beuverie du Baron qui provoque dans son sommeil des rêves tous plus fous les uns que les autres. Une manière pour le réalisateur français d’aller droit à l’essentiel, et qui, à l’instar de son travail autour de Jules Verne, témoigne d’une volonté d’adapter une œuvre sur grand écran, avec ses spécificités propres. Plutôt que d’illustrer platement un texte, comme d’autres auraient pu le faire.
L’une des facettes les plus fascinantes des Hallucinations du Baron de Münchhausen est la place accordée au miroir dans la narration. Bien que Georges Méliès opte pour des plans fixes, cette grande surface vitrée à l’arrière plan du cadre permet au cinéaste de montrer son talent. Il remplit cet espace de diverses scènettes historiques, comiques et surréalistes qui apparaissent comme des extensions de la psychée de Münchhausen, à la manière de cases de bandes dessinées. Cependant le miroir dispose ici d’une fonction symbolique et onirique, propice à une vision gnostique qui sera explorée ultérieurement dans de nombreuses oeuvres d’Orphée à Matrix.
Les diverses visions qui assaillent le baron de Münchhausen sont l’occasion de mélanger diverses époques, personnalités et créatures. L’occasion pour le réalisateur français de livrer une œuvre baroque et ludique, où la direction artistique lorgne vers les illustrations de Gustave Doré, qui accompagnèrent les livres sur le baron allemand. Le capharnaüm des visions du protagoniste, n’exclue pas un véritable crescendo, qui culmine dans un climax faisant la part belle à l’enfer, avec un dragon et une femme araignée dans un décorum très « Dark Fantasy » avant l’heure. Figure phare de l’oeuvre de Méliès, la lune fait à nouveau acte de présence sous un jour comique.