A LA CONQUÊTE DU PÔLE en VOD
- De
- 1912
- 31 mn
- Jeunesse
- France
- Tous publics
- VF
Réalisé par
PARCE QUE
10 ans après Le voyage dans la Lune, Méliès récidive en adaptant à nouveau librement une œuvre de Jules Verne, ici Les Aventures du capitaine Hatteras publié à l’origine en feuilleton à partir de 1864, avant de connaître une publication au format roman en 1866. Méliès ne reprend du livre que le concept de base pour en tirer sa propre version, en misant davantage sur l’humour, la féerie et l’imaginaire qu’il affectionne. Il résulte de À la conquête du pôle un court-métrage, qui plus de 112 après sa sortie, conserve un véritable charme. Un film qui confirme que Méliès était un véritable auteur tel que pourrait le définir la critique cinématographique moderne.
Cette dimension « auteur » on la retrouve notamment dans les nombreuses correspondances entre À la conquête du Pôle et Le voyage dans Lune. Outre le fait qu’il s’agit également d’une adaptation de Jules Verne, À la conquête du Pôle reprend une structure narrative faisant écho à celle du Voyage dans la Lune. Le projet d’aller explorer une contrée inconnue, le groupe de scientifiques, la construction d’un véhicule, l’exploration qui se conclue par un affrontement avec une créature fantastique offrant un véritable déluge d’effets spéciaux, etc. Autant d’éléments qui font de cette aventure polaire un fabuleux film miroir de l’expédition lunaire de 1902.
L’une des grandes qualités de À la conquête du Pôle est d’offrir un véritable festin visuel pour toutes celles et ceux qui affectionnent les designs rétro. La direction artistique de George Méliès et ses collaborateurs est l’occasion de déployer des trésors d’imaginations dans les véhicules aériens. Ces derniers mêlent technologies industrielles et formes d’oiseaux, comme en témoigne l’Aérobus de professeur Maboul. Un véhicule particulièrement évocateur, qui à l’instar du film, apparait comme un précurseur d’un mouvement majeur de la pop culture : le steampunk. L’occasion de voir dans ce court-métrage un ancêtre du Château dans le ciel et autres Steamboy.
Le clou du spectacle qu’offre À la conquête du Pôle est son Géant des neiges. À l’origine le cinéaste voyait les choses en grand avec un buste de 5 mètres 20. Malheureusement le peu d’argent fourni par Pathé contraint Méliès à revoir drastiquement ses ambitions à la baisse pour un résultat final n’excédant pas les 2 mètres 50. Une contrainte qui n’empêcha pas le cinéaste de livrer une créature particulièrement marquante. Cette dernière est l’occasion d’un affrontement comique et musclé avec le groupe de scientifiques. Une approche décomplexée qui préfigure des morceaux bravoures de la littérature Pulp, ainsi que d’autres monstres géants du 7ème art.