J'AVAIS CINQ FILS

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Malgré cent vingt-huit films à son actif, Lloyd Bacon, né en 1890 et mort en 1955, n'est sans doute pas le plus célèbre des réalisateurs hollywoodiens. Il a pourtant tourné quelques comédies musicales marquantes, telles que 42e rue (42nd Street, 1933) ou Prologues (Footlight Parade, 1933) qui doivent beaucoup aux chorégraphies de Busby Berkeley et Chercheuses d'or de 1937 (Gold Diggers of 1937, 1936). Il a par ailleurs dirigé les grands acteurs de son époque et tourné dix films avec James Cagney, sept avec Humphrey Bogart et trois avec Edward G.Robinson. Après avoir réalisé plusieurs longs métrages à la gloire de la Navy américaine pour la Warner, il quitte ce studio en 1944 et intègre la Fox, où il tourne J'avais cinq fils (The Fighting Sullivans, 1944), inspiré d'une histoire vraie. Considéré à raison comme une œuvre patriotique, J'avais cinq fils met en scène la famille Sullivan, riche de six enfants dont une seule fille et qui verra sa mâle progéniture au grand complet s'engager dans la marine après l'attaque de Pearl Harbour. On y voit grandir, dans un foyer modeste de l'Illinois, une fratrie de jeunes américains joyeusement braillards, cinq adolescents qui font tout ensemble et ne peuvent se séparer, à l'âge adulte, au moment de s'engager. Plus qu'un film de guerre –il n'y a en effet qu'une scène de combat naval, située dans le dernier tiers du film-, c'est une chronique joliment nostalgique qui reste aujourd'hui comme le témoignage d'un mode de vie dans l'Amérique profonde des années 1930 et 40.

 
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J'avais cinq fils est inspiré d'une histoire vraie. Sur les 700 soldats montés à bord du navire de guerre USS Juneau, seulement dix ont survécu au bombardement japonais de novembre 1942. Suite au décès des cinq frères Sullivan, l'armée américaine a entériné le règlement selon lequel les membres d'une même famille ne peuvent s'enrôler sur le même bateau. Dans le rôle des charmants parents de la famille Sullivan, on retrouve deux acteurs dont les visages nous sont familiers. La douce Selena Royle est une grande actrice de théâtre qui fut aussi un solide second rôle au cinéma, incarnant notamment la maman de la toute jeune Elizabeth Taylor dans Le Courage de Lassie de Fred M. Wilcox (1946) et celle de Shelley Winters dans Menaces dans la nuit de John Berry (1951).
Monsieur Sullivan, lui, est interprété par l'excellent Thomas Mitchell dont la carrière est riche d'une soixantaine de films et qui reste inoubliable en père de Scarlet O'Hara alias Vivien Leigh dans Autant en emporte le vent de Victor Fleming (Gone with the wind, 1939), en médecin ivrogne dans La Chevauchée fantastique de John Ford (Stagecoach, 1939) et en oncle débonnaire mais oublieux dans La vie est belle de Frank Capra (It's a Wonderful Life !, 1946).
Enfin, l'épouse du plus jeune des fils Sullivan est interprétée par Anne Baxter, qui fut deux ans auparavant l'amoureuse de Tim Holt dans La Splendeur des Amberson d'Orson Welles (The Magnificent Ambersons, 1942) et composera quelques six ans plus tard un personnage qui devait marquer à jamais sa carrière puisqu'elle était, face à Bette Davis, la jeune actrice arriviste, Eve, dans le film de Joseph L. Mankiewicz (All about Eve, 1950).