HOLY MOTORS en VOD
- De
- 2012
- 111 mn



- Drame
- Allemagne | France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Holy Motors est un film à part. Autant une œuvre de cinéma qu'une sur le cinéma comme un monde parallèle au notre. Alors autant en pousser la porte. C'est ce que fait littéralement Léos Carax lui-même dès la première séquences, où le réalisateur s'éveille pour faire d'un de ses doigts une clé qui va ouvrir le passage vers cet ailleurs, une bulle de récits organisés autour de la journée de travail d'un certain Monsieur Oscar, allant de rendez-vous en rendez-vous, endossant à chacun un déguisement différent. Qui est-il ? Peut-être un comédien. Probablement plus l'incarnation de l'imaginaire de Carax, qui va prendre le volant le temps d'une balade dans le temps, l'espace et le cinéma
Il aura fallu douze ans à Léos Carax pour signer un nouveau long-métrage. L'échec de Pola X (1999) n'y est pas pour rien. La presse comme le public l'avait rejeté, n'y voyant que la chronique pompière d'un amour fou, une tentative de romanesque rimbaldien malvenue de la part de celui qui s'était fait capteur du monde moderne avec Boy Meets Girl ou Les amants du Pont-Neuf. Holy Motors sera une réaction patiemment maturée, un film laborantin refusant tout formatage, toutes fron tières, regardant autant l'avant dans ses innovations formelles qu'en arrière par de nombreux hommages quasi-fétichistes à des décennies de cinéma, citant autant ses esquisses (les travaux d'Etienne Jules-Marey) que ses grands auteurs surréalistes (Cocteau, Franju, Bunuel...)
Holy Motors se construit donc sur une succession de mini-récits collectant les registres : co médie, mélo, film musical, de science-fiction... pour se faire métaphore de tourments humains au gré d'une logique narrative purement intuitive. Carax ne passe pourtant jamais du coq à l'âne, quand une humeur sépulcrale entoure Holy Motors, film si hanté par la mort (on y visite des cimetières, y porte des masques mortuaires) qu'il ne cesse d'esperer des résurrections : chaque rendez-vous de Monsieur Oscar, est en quelque sorte une vie supplémentaire. La beauté d'Holy Motors réside aussi dans cette mélancolie, énoncée par l'utilisation de Revivre, chanson de Gérard Manset dont les paroles sont un parfait reflet du film : « On se voit se lever, recommencer, sentir monter la sève. Mais ça ne se peut pas. Non ça ne se peut pas »
Holy Motors, c'est aussi un film sur l'importance des comédiens. Léos Carax y retrouve son acteur fétiche, Denis Lavant qu'il démultiplie dans une dizaine de personnages différents, mais n'étant tous que le déguisement d'un seul, ce Monsieur Oscar. Qui cache sans doute Carax lui-même (au civil, dans « la vraie vie », il se prénomme Oscar), et accompagne donc ici Lavant dans un fascinant cycle de réinvention permanente, dans un film inquiet de la persistance d'une existence physique quand l'époque se tourne vers le virtuel et ses désincarnations.