AU COEUR DE L'OCÉAN

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Comédien vu très jeune dans d’innombrables séries télé – de la Quatrième dimension à Bonanza en passant par le Fugitif et, bien sûr, Happy Days –, Ron Howard tourna son premier long métrage, Lâchez les bolides produit par Roger Corman, en 1977, à 23 ans.

38 ans plus tard, et dans un tout autre genre, le voilà qui nous embarque à bord d’un baleinier du début du 19e siècle, l’Essex, qui, percuté par un cachalot de 26 mètres de long, fit naufrage en plein Pacifique, durant l’hiver 1820. C’est à bord de trois frêles baleinières que l’inexpérimenté capitaine et son équipage vont tenter de survivre, malgré la météo, bien peu clémente, la soif et la faim... surtout la faim !

C’est à Benjamin Walker – jeune Lincoln dans Abraham Lincoln : Chasseur de vampires – que Ron Howard confia le rôle du capitaine Pollard face, notamment, à Chris Hemsworth – qu’il avait déjà dirigé dans Rush, en 2013 –, Cillian Murphy et Brendan Gleeson – qui avait fait une brève apparition, à ses débuts en 1992, dans Horizons lointains, le neuvième film du réalisateur. C’est au directeur de la photographie britannique, Anthony Dod Mantle – fidèle collaborateur de Lars Von Trier depuis Breaking the Waves et de Danny Boyle depuis 28 jours plus tard – qu’il confia les impressionnantes images de cette aventure, que le magazine Ecran large qualifia de "plastiquement grandioses".

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MOBY DICK (1956) (Classique de John Huston, inspiré de la même histoire vraie...) ou encore LIFEBOAT (1944) (La faim, la soif, le danger, constituent, également, le quotidien de ces rescapés, bien obligés de cohabiter sur un rafiot de fortune.).

C’est à l’écrivain américain Nathaniel Philbrick, né à Boston en 1956, qu’on doit le livre qui donna naissance au film que vous venez de voir et qui reçut, en 2000, un National Book Award – prestigieuse récompense américaine, déjà attribuée, entre autres, à Norman Mailer et à William Faulkner. C’est cette même tragique histoire, celle du baleinier Essex, qui, en 1851 – une trentaine d’années après le drame – avait inspiré Herman Melville pour son fameux Moby Dick, plusieurs fois adapté au cinéma et à la télévision, notamment par Lloyd Bacon, Michael Curtiz et, bien sûr, John Huston qui, en 1956, fit de Gregory Peck, l’inoubliable capitaine Achab.

"Grand cinéma d’action", "thriller spectaculaire", "blockbuster à échelle humaine"... une grande partie de la presse française accueillit avec sympathie ce 23e long métrage de Ron Howard, un "splendide film d'action" qui "vous harponne pour ne plus vous lâcher", risqueront même certains chroniqueurs facétieux ! Cependant, l’inévitable comparaison avec Moby Dick, le roman de Melville et le film de John Huston, ne fut pas toujours à son avantage. Dans l’Obs, par exemple, on pouvait lire : "Melville a tiré un chef-d’œuvre de cette histoire ; Ron Howard, lui, signe un film sympa, mais sans éclat." Ce n’est pas tout. Pour Libération, cette hollywoodienne production est "une totale bizarrerie old-school, peinturlurée d’effets numériques à la truelle" et, pour les Cahiers du cinéma, "Les clichés [y] pullulent sous un faux réalisme creux."

Ce sont les frères Weinstein et leur Weinstein Company qui, dès 2000, avaient lancé ce projet, confié, à l’époque, au cinéaste Barry Levinson, que Good Morning Vietnam, Rain Man et les Hommes d’influence avaient déjà rendu célèbre. Abandonné en cours de route, Au cœur  de l'océan sera donc repris par Ron Howard qui, pour l’occasion et après avoir été produit, à plusieurs reprises, notamment par la Fox, Universal ou la Columbia, travaillera, pour la première fois, à cette occasion, avec la Warner. En revanche, c’est la sixième fois qu’il s’inspirera d’un fait réel. En 1995, il y avait eu Apollo 13 ; en 2001 : Un homme d’exception, sur ce mathématicien américain devenu espion ; en 2005 : De l’ombre à la lumière, le portrait d’un boxeur abandonné remontant sur le ring ; en 2009 : Frost/Nixon, l’Heure de vérité, l’interview-confession de l’ex-président ; et, en 2013 : Rush, la rivalité entre deux pilotes de Formule 1, l’Anglais James Hunt et l’Autrichien Niki Lauda.

Quand Herman Melville s'est emparé de cette aventure, il en a fait le grand récit épique qu'attendait l'Amérique. Une œuvre dense aux thématiques fortes et aux personnages inoubliables. Aussi, raconter l'histoire qui a inspiré Moby-Dick plutôt que Moby-Dick en personne, ...

Autant Ron Howard me laisse en général indifférent et est capable de pondre des trucs vraiment ignobles (au choix: The Grinch, Da Vinci Code...) autant il s'avère un très bon artisan quand il a un projet qui lui correspond entre les mains. Cinéaste purement américain (dans ...

On avait laissé Ron Howard fêter avec Chris Hemsworth le titre de champion du monde de Formule 1 dans un Rush incroyable et épique. Les voilà qui remettent ça, troquant la voiture de course contre le baleinier, la combinaison de pilote contre le costume de capitaine en second. Au ...