SEA FOG : LES CLANDESTINS

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Les préoccupations matérielles ont ceci d'universel quelles traversent les continents, les cultures et les civilisations. Prenons l'exemple de ces terribles drames maritimes survenus ces dernières années entre l'Afrique et l'Europe. Ces centaines de clandestins, jetés à bord de bateaux de fortune pour aller justement la trouver chez nous… Eh bien figurez-vous qu'en Asie, les mêmes tragédies surviennent pour les mêmes motifs.

Haemoo, titre sud-coréen du film Sea fog, traduisible par "Brume de mer" raconte comment un modeste pêcheur local va se trouver forcé par manque d'argent à devenir convoyeur de misère en transportant des candidats à l'immigration clandestine entre la Chine et son pays.

Mais, vous allez le voir tout au long de ce film haletant signé Sung Bo Shim, la météo va se mêler à l'affaire et transformer une banale traversée en croisière de cauchemar. Comme si, faisant écho au célèbre adage, bien mal acquis ne devait jamais véritablement profiter…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HOPE (De l'Afrique à l'Asie, le drame des clandestins, (candidats à un exil périlleux mais synonyme supposé de vie meilleure), offre une matière dense à la fiction cinématographique...) ou encore LA TEMPETE (La mer est un lieu mystérieux, qui passe du calme à la furie en quelques heures et remet alors en question les engagements et les existences...).

Le nom de Sung Bo Shim vous est sans doute totalement inconnu, chose normale si vous n'êtes pas spécialiste du cinéma sud-coréen. Sachez tout de même que ce metteur en scène a acquis ses lettres de noblesse en tant que scénariste attitré de Bong Joon Ho lui aussi cinéaste, qui a signé quelques classiques du 7e art asiatique comme The host en 2006, (l'histoire d'un gigantesque monstre marin attaquant la ville de Séoul) et  Snowpiercer en 2013, (western futuriste et écolo avec Chris Evans, Tilda Swinton et Ed Harris). Bref, Du sérieux, du lourd, du respectable ! Ces deux-là étaient faits pour s'entendre et avaient d'ailleurs collaboré dès 2003 sur Memories of murder, racontant la traque d'un tueur en série, violeur de jeunes filles dans les années 80. Une affaire inspirée de faits réels qui avait bouleversé la Corée du Sud à l'époque…

Pour Haemoo, Sung Bo Shim s'est de nouveau tourné vers un fait de société pour bâtir sa fiction sur les passeurs de misère. Ou plutôt, il a adapté une pièce au retentissement national là-bas, crée pour le 30e anniversaire de la compagnie théâtrale Yeonwoo Productions, laquelle avait déjà monté sur scène Memories of murder.

Cette troupe est née durant les années 80 en se positionnant d'emblée comme un vecteur culturel actif de contestation du régime militaire en place. Les spectacles de Yeonwoo pouvaient se dérouler dans des théâtres clandestins ou dans la rue, à la faveur de pseudo-improvisations en fait très bien préparées ! Trois décennies et une sévère répression plus tard, la compagnie est à la fois légitime et respectée. Logique donc que le cinéma se soit penché sur ses œuvres…Quelle est la véritable nature de l'être humain? De quelle façon réagit-il lorsqu'il est confronté à l'imprévisible ou à l'insupportable ? Autant de questions essentielles auxquelles Haemoo tente de répondre, des planches à l'écran…

Depuis ces vingt dernières années des réalisateurs tels que Park Chan-Wook, Kim Jee-Woon, Na Hong-Jin, Hong Sang-Soo, Lee Chang-Dong, Kim Ki-Duk, Im Sang-Soo ou Bong Joon-Ho pour ne citer qu’eux ont participé au renouveau du cinéma sud coréen, s’imposant chez eux comme ...

Passé l’excitation de retrouver Bong Joon-ho et Shim Sung-bo à la co-écriture d’un même film, plus de dix ans après Memories of Murder, difficile de contenir son impatience : et pourtant, c’est quasiment un an après sa sortie au pays du matin calme que Sea Fog arrive ...

Le seul nom de Bong Joon-Ho a donné envie à certains de voir Sea Fog. Aujourd’hui, un nouveau nom s’inscrit : celui de Sim Sung-Bo. Dans quelques années, on en parlera comme le genre de réalisateur à succès dont le premier film était déjà une grande réussite. Ce premier ...