WAITING FOR THE BARBARIANS

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Après s’être fait connaître grâce à des longs métrages moultement récompensés et particulièrement appréciés par la critique tels que L’étreinte du serpent ou Les oiseaux de passage, le réalisateur colombien Ciro Guerra réalise, avec Waiting for the barbarians, son premier long métrage en langue anglaise.

Adapté du roman du même nom de J.M Coetzee, le film suit un magistrat bon et juste qui gère un fort d'une ville frontalière de l'Empire. Le pouvoir central s’inquiète d’une invasion barbare et dépêche sur les lieux le colonel Joll, un tortionnaire de la pire espèce. Son arrivée marque le début de l'oppression du peuple indigène. Jusqu’à ce que le Magistrat décide de se rebeller.

Pour ce premier passage à l’anglais le cinéaste a fait appel à un casting de choix composé de Mark Rylance dans le rôle du magistrat, Johnny Depp dans celui du Colonel Joll ainsi que Robert Pattinson et Sam Reid. Le film avait été présenté à la Mostra de Venise en compétition officielle en 2019.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA LISTE DE SCHINDLER DE STEVEN SPIELBERG (Un homme va contre sa hiérarchie pour protéger un peuple persécuté) ou encore DUST DE MARION HÄNSEL (Les deux films sont adaptés du même auteur sud-africain, J.M. Coetzee).

Cinéaste engagé, Ciro Guerra s’est fait connaître avec un cinéma précis et particulièrement esthétique. L’étreinte du serpent, tant en noir et blanc intense, avait su marquer les esprits et installer le cinéaste comme valeur sûr de la nouvelle scène colombienne et mondiale. Son récit entrelacé racontait du point de vue autochtone les massacres et guerres qui ont émaillés le pays. Les oiseaux de passage, avec son rythme apaisé, entre le rêve et le documentaire, revenait sur l’influence néfaste occidentale sur les peuples de Colombie en racontant le naissance des cartels. Avec Waiting for the Barabarians, le cinéaste ne perd pas sa volonté de combattre les oppressions et les violences d’un monde sur un autre.

Cette fois, il prend cependant le point de vue de l’occupant à travers le personnage de Mark Rylance. Un protagoniste qui va réussir la bascule du point de vue en passant du côté des oppresseurs à celui de ceux qui va aider et soutenir les oppressés. Un basculement qu’il opère en ouvrant les yeux et à ses risques et périls. Des deux côtés, car c’est aussi ce que montre le long métrage de Ciro Guerra : faire amende honorable n’excuse pas les fautes, les erreurs et les horreurs commises ou soutenues malgré soi. Pour cette histoire, Ciro Guerra a adapté le roman du même nom datant de 1980 de J.M Coetzee qui a lui-même écrit le scénario. Pour l’écrivain sud-africain, déjà adapté avec les films Dust et Disgrâce, il s’agit d’une première.

Dans ce désert de sable, dans un empire sans nom mais qui ressemble à tant d’autres et où chacun peut y voir l’enfer qu’il souhaite, le cinéaste a réuni quelques uns des acteurs les plus talentueux. Aux côtés de Johnny Depp, au look encore une fois très travaillé et particulièrement terrifiant, et Robert Pattinson, parfait en jeune gradé partagé entre l’obéissance et la compassion, on retrouve en tête Mark Rylance. L’acteur britannique présent dans le cinéma depuis le début des années 1990 s’est fait un nom auprès du grand public à partir du Pont des espions de Steven Spielberg. La douceur de son regard, de son sourire et de sa voix mélangée à la rigidité de son visage et ses gros sourcils en fond le parfait héros de cette fable intemporelle.

Il y a assurément du Julien Gracq dans Waiting for the Barbarians, depuis son héros solitaire jusqu’à cette forteresse perdue dans les sables et située à la frontière d’un ailleurs qu’il faut combattre au nom de la civilisation, du sempiternel combat que livre la civilisation ...

Adapté de son propre livre homonyme (1980) par l’écrivain et prix Nobel de littérature J. M. Coetzee (9 février 1940, au Cap - ), « Waiting for the Barbarians » (2019) pose, dès son titre, la question de l’autre et de son accès à lui par le langage, puisque le « Barbare ...

Le choc constitué par la rencontre entre des peuples différents constitue un des thèmes centraux de la filmographie de Ciro Guerra. L’étreinte du serpent montrait l’élévation spirituelle d’un Occidental confronté au monde des Indiens d’Amérique du Sud. Dans Les ...