UNE ENFANCE

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Jimmy est un jeune garçon en CM2, qui après avoir redoublé deux fois se prépare à entrer en sixième. Mais avant cela il lui faudra passer l'été dans la petite ville industrielle où il vit avec sa mère, fraîchement sortie de prison, son demi-frère Kevin et leur beau-père, un homme violent, drogué et irresponsable qui vit de petits larcins et de trafic de drogue tout en gardant sa compagne, elle aussi perdue et droguée, sous sa coupe, grâce à l'emprise qu'il a sur elle. Témoin au quotidien de la détresse de sa mère, et obligé de se comporter en grand frère responsable envers Kevin, Jimmy aura du mal à contrôler la violence qu'il sent monter graduellement en lui, avec pour seul témoin l'été lumineux.

Réalisé par Philippe Claudel, dans un style différent de ses précédentes œuvres qui sont Avant l'hiver, Tous les soleils et Il y a longtemps que je t'aime, Une enfance est né d'après les propos mêmes de son auteur, d'un désir de passer d'une forme cinématographique formatée et attendue, à quelque chose de beaucoup plus libre, de beaucoup plus proche du spectateur dans sa vie de tous les jours. Désir auquel vint s'ajouter la nécessité depuis longtemps ressentie de tourner un film dans la ville même où Philippe Claudel habite. C'est chose faite.

Tourné donc avec une équipe réduite et par conséquent des moyens légers, Une enfance n'en est que plus fort sur le plan de la restitution des états d'âme de ses protagonistes. Ses acteurs principaux ont pour noms Alexi Mathieu, Angelica Sarre, Pierre Deladonchamps et Jules Gauzelin. Observez bien l'entraîneur de tennis, il n'est autre que le réalisateur du film, Philippe Claudel.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'INCOMPRIS (Ce film de Luigi Commencini trait à sa manière du malheur d'un jeune garçon.) ou encore LA TETE HAUTE (Dans ce film d'Emmanuelle Bercot, l'issue pour le jeune garçon turbulent n'est également pas certaine.).

Dombasle-sur-Meurthe, tel est le nom de la petite ville qui partage avec les acteurs, la vedette du film Une enfance que vous venez de regarder, et qui est comme je vous le signalais en amont, l'endroit où habite le réalisateur Philippe Claudel. Alors pourquoi avoir décidé de situer l'action de son scénario là-même où il vit? Est-ce par commodité personnelle ou intérêt cinématographique? Réponse de l'intéressé: Il est rarissime au cinéma de voir une ville comme Dombasle, située dans l'extrême banlieue de Nancy, en lisière de campagne. La particularité de cet endroit est qu'il regroupe à dix mètres d'intervalle, aussi bien des logements construits par la société propriétaire de la seule usine du coin, pour ses ouvriers et employés, que des maisons bourgeoises. Exemple dans le film, la maison où habite Jimmy et celle dans laquelle se déroule le goûter d'anniversaire, de l'autre côté de la rue. Ce n'est pas uniquement chose rare à l'écran, mais également dans la réalité.

Autre exemple qui a intéressé Philippe Claudel, pouvoir montrer une vache dans un champ et tout de suite après le corps monstrueux et bruyant d'une sorte de haut fourneau. Une rivière bucolique et puis une usine, et l'ensemble sans truquage aucun, mais en filmant la réalité de ce qu'est Dombasle. Tout cela est, toujours selon le cinéaste, fortement lié à ce que vit le personnage de Jimmy, et à ce qui se passe dans sa tête. Une enfance n'est pas que mélodramatique, il y a des moments durs certes, mais aussi des scènes de douceur lorsque le gamin est entouré de son petit frère, de la petite voisine qu'il aime secrètement, de sa grand-mère ou d'autres adultes bienveillants mais en même temps impuissants à l'aider. Et là tout bascule à nouveau.

Une enfance rejoint peut-être d'une certaine manière, La tête haute, film d'Emmanuelle Bercot, du moins lorsque l'on se pose la question en tant que spectateur sur l'avenir du jeune garçon. Finira-t-il en bon gars, ou tournera-t-il définitivement mal? Alors quand on sait que le cerisier sur lequel les enfants chapardent les fruits, a été planté par le père du réalisateur, que la maison que l'on aperçoit en arrière plan dans la scène du cimetière est celle de ses parents, etc...   on déduit qu'on a assisté là à une œuvre vraiment très personnelle. Jimmy serait-il en fin de compte Philippe Claudel ou l'inverse? La question est posée.

Une enfance. Celle de Jimmy, treize ans et de son frère Kévin (portés par deux graines d'acteurs brillants). Un père absent, une mère droguée, impuissante et un beau père violent (un Pierre Deladonchamps méconnaissable) noyé dans le même vice que son amie. A en croire ...

Je conçois parfaitement qu'il faille accepter de gober les clichés misérabilistes, malheureusement si réels, qui émaillent le film, pour l'apprécier. En ce qui me concerne, j'ai fait cette démarche et je me suis régalé avec 'Une Enfance'. Le film est admirablement bien ...

Après le très beau Il y a longtemps que je t'aime, son premier film, on avait perdu Philippe Claudel avec les horribles Tous les soleils et Avant l'hiver. Si Une enfance n'est pas parfait, avec notamment pas mal de clichés, il a le mérite d’être prenant et touchant. Un curieux ...