UNE BOUTEILLE À LA MER

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Bottle@newaccess.com, c'est l'adresse indiquée par une Française de 17 ans installée en Israël sur un message qu'elle envoie dans une bouteille à la mer. Traumatisée par un attentat suicide survenu dans un café de Jérusalem, la jeune fille souhaite entrer en contact avec un Palestinien de la bande de Gaza pour comprendre. Et son vœu va se réaliser: un certain Gazaman lui répond bientôt.
Thierry Binisti qui a signé L'Outremangeur avec Eric Cantona, mais aussi plusieurs téléfilms dont La Bicyclette bleue, réussit ici un pari impossible : évoquer le conflit israëlo-palestinien, sujet qui soulève immanquablement des réactions ultrapassionnées sans verser dans le cliché. Au-delà des parti-pris, le scénario privilégie l'humain et la capacité à choisir, à s'émanciper, à aller de l'avant.
Pour incarner ses personnages attachants,  il a choisi deux jeunes comédiens plus que prometteurs. Agathe Bonitzer, vue notamment dans Le Grand alibi, réalisé par son père Pascal Bonitzer et dans Un chat un chat, mis en scène par sa mère Sophie Fillières, donne la réplique à Mahmoud Shalaby, un des interprètes du Fils de l'autre de Lorraine Lévy, dont la prestation dans Une bouteille à la mer a d'ailleurs été récompensée par un prix d'interprétation au Festival du film de La Réunion.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver VOUS AVEZ UN MESSAGE (Une histoire forte entre deux etres qui se noue à travers une correspondance numerique.) ou encore LE FILS DE L'AUTRE (Un recit qui met en scene le rapprochement d'israeliens et de palestiniens.).

Une bouteille à la merest tiré d'un ouvrage pour enfants écrit par Valérie Zenatti qui a participé à l'adaptation de son livre. Thierry Binisti explique que ce récit a été l'élément déclencheur de son film parce que, pour une fois, il a senti qu'on pouvait comprendre ce qu'on ressentait des deux côtés de la frontière sans s'arrêter à des schémas réducteurs. Valérie Zenatti souligne de son côté que les personnages du film ne sont pas les porte-parole d'un peuple ou d'un autre. L'un et l'autre vont se découvrir pour ce qu'ils sont et non pas pour ce qu'ils représentent.
Comme les parents de Tal, la jeune héroïne du film, ceux de la romancière et scénariste ont quitté la France pour Israël, où elle a vécu une grande partie de son adolescence. Revenue en France et devenue journaliste, elle a toujours suivi de près le conflit israëlo-palestinien. Ce qu'elle n'a pas cessé de faire pendant l'écriture du scénario avec Thierry Binisti. Le script était déjà très avancé, quand est survenue l'opération "plomb durci" à Gaza. Le scénario en a été bouleversé. "La trajectoire de nos personnages aussi, de façon organique, ajoute Valérie Zenatti. Nous étions dans une identification totale avec eux."
Et pour cette histoire de dialogue enfin possible, l'équipe du tournage a donné le ton : composée pour moitié d'Israéliens et pour moitié de Palestiniens, elle a permis au réalisateur de nourrir son travail des discussions permanentes entre ses membres et de leurs témoignages sur les sujets les plus généraux comme les plus quotidiens. La collaboration a été tout à fait fructueuse et la compétition ne s'est manifestée qu'à un seul moment : le tournage de la scène de la bouteille. Ce jour-là un courant très fort ne cessait de la ramener sur la plage et c'était à celui qui dans l'équipe allait la lancer le plus loin possible.
Enfin, quand on interroge le réalisateur sur l'évolution du conflit israëlo-palestinien, il reconnaît que la situation n'est pas glorieuse mais la nouvelle génération peut refuser le poids du passé. "Au cours de ma vie, je n'ai pas arrêté de voir le monde se modifier, se révolutionner, j'ai vu des murs tomber, d'autres se lever. Tout est possible."