UN NUAGE ENTRE LES DENTS

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La chose a été un peu oubliée, mais dans les années 70, la presse quotidienne reposait beaucoup sur les rubriques dites des « chiens écrasés », ces pages répertoriant les faits divers de quartiers, des petits larcins aux agressions. Prévot et Malisard sont deux journalistes spécialisés dans ce domaine peu reluisant. Lorsque les enfants de Prévot ne sont pas à la sortie de l’école, les deux compères se convainquent qu’il s’agit d’un enlèvement. Ils vont mener l’enquête, pensant avoir de quoi faire un scoop qui pourrait être en une de leur journal.

En mai 1974, Un nuage entre les dents prend les spectateurs par surprise. Le grand public s’attendait à s’esclaffer à gorge déployée devant les nouvelles facéties d’un Pierre Richard auréolé des récents succès du Distrait et des Malheurs d’Alfred ; les rires vont rapidement s’étouffer. Un nuage entre les dents est bien une comédie, mais dans un registre acide, sombre. Rien que la dégaine de Pierre Richard et Philippe Noiret, tenue négligée, barbe de trois jours défraîchie, annonce que ce film-là sera différent de leurs précédents.

Et pourtant Un nuage entre les dentsne s’échine pas à faire le procès de la presse à sensation des années 70, ni à s’enraciner dans le sordide. Marco Pico fait respirer son film par des bouffées de réalisme poétique, tirant vers le même absurde que les cinéma de Bertrand Blier et Alain Jessua pour une vision sociale voire politique certes désenchantée mais traversée par des moments fantasques, comme cet éléphant qui se balade en pleine ville. A l’image de son titre, Un nuage entre les dents est un film inhabituel, à redécouvrir au plus vite.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver JUDITH THERPAUVE (A travers le portrait d'une patronne de quotidien mal en point, un autre regard sur la face cachée de la presse.) ou encore NIGHT CALL (Un autre film sur le journalisme à sensation, cette fois-ci dans ses pires dérives.).

Il y a toujours eu une sorte de malentendu autour de Pierre Richard. Son personnage (adoré par le public) de naïf passablement maladroit glissant sur toutes les peaux de banane possible à fait son succès mais ne colle pas forcément avec les véritables aspirations de l’acteur-réalisateur. Au point d’avoir souvent occulté le fond de ses films, bien plus critiques de leur époque qu’on le pense, plus proche d’un goût pour l’anarchisme que pour le burlesque.  Lorsque Marco Pico lui propose le scénario d’Un nuage entre les dents, Richard saute sur l’occasion, convaincu que ce film-là sera celui qui révèlera une autre facette de lui, tout en ayant un potentiel populaire.

Pierre Richard connait bien Marco Pico. Il l’a rencontré via Yves Robert dont Pico a été régulièrement l’assistant depuis Bébert et l’Omnibus, et l’a engagé comme conseiller technique sur deux de ses propres films, Les malheurs d’Alfred et Je sais rien, mais je dirai tout. C’est encore Yves Robert qui a fait se croiser les chemins de Richard et Philippe Noiret, le futur Grand blond avec une chaussure noire  tenant un second rôle dans Alexandre Le Bienheureux. De son côté Pico a affiné son regard singulier sur le monde, en travaillant sur des films souvent hors normes, ne se voilant pas la face sur leur époque, que ce soit L’alliance de Christian de Challonge, Soleil Noir de Denys de la Patellière ou La vieille fille de Jean-Pierre Blanc, déjà avec Philippe Noiret.

Un nuage entre les dents, se colore des mêmes teintes hivernales que ces films-là, revendique une humeur un rien subversive dans le cinéma français de ce milieu d’années 70, qui va sceller l’amitié entre Pico et Richard. Avant la sortie du film, ils développent ensemble plusieurs projets dont un sur le parcours d’Eugène Dieudonné, un anarchiste longtemps soupçonné d’avoir fait partie de la bande à Bonnot. Ce projet avortera suite à l’insuccès d’Un nuage entre les dents à sa sortie, mais sans faire se perdre de vue les deux hommes. Ils se retrouveront dix-huit ans plus tard avec La cavale des fous, cette fois-ci pour parler des institutions psychiatriques.

Un journaliste, Philippe Noiret, accompagné de son photographe, sillonnent les rues de Paris à bord d'une voiture toute cabossée, car ils sont à la recherche du moindre scoop leur permettant de faire les chiens écrasés. Par exemple, ils sont présents à l'éboulement d'un ...

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J'avais lu la critique d'un "éclaireur" de SC et m'étais brusquement ressouvenu du film qui m'avait bien plu à sa sortie en 1974. Malheureusement, je viens de le revoir et en sors un peu déçu. C'est l'histoire de deux journalistes, deux fouille-merdes en quête du scoop crapoteux, ...