UN COEUR EN HIVER

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Avec Un cœur en hiver, nous sommes au milieu de la « trilogie du renouveau », comme Frédéric Bonot dans les Inrockuptibles qualifiera les trois derniers films de Claude Sautet. Après Quelques jours avec moi, quatre ans plus tôt, et avant Nelly et Monsieur Arnaud, trois ans plus tard, ce "cœur froid" est celui de Daniel Auteuil, personnage éloigné de la vie et bien décidé à démystifier le sentiment amoureux.

Alors qu’il l’avait déjà rencontrée, sans lui trouver rien d’autre que sa beauté et son charme, Sautet vit un jour Emmanuelle Béart se tenant très droite et les cheveux relevés en un très strict chignon. Il avait trouvé sa Camille, cette talentueuse violoniste confrontée à l’homme qu’elle aime (André Dussollier) et à l’ami de celui-ci (Daniel Auteuil), « incapable de répondre à la violence de son élan », comme l’expliquera Claude Sautet.

A la comédienne, celui-ci avait lancé un jour : « Quand tu sauras jouer du violon, tu seras dans le rôle. » C’est ainsi que pendant un an et demi, Emmanuelle Béart prit des cours de violon, jusqu’à impressionner les vrais musiciens présents sur le plateau, et peut-être vous dans un instant ! Voici donc Un cœur en hiver, Lion d’Argent au Festival de Venise, César du meilleur réalisateur, et du meilleur second rôle pour André Dussollier.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES LIAISONS DANGEREUSES 1960 (1959) (Comme Stéphane (Daniel Auteuil), Valmont (Gérard Philipe) se joue de Cécile (Jeanne Valérie).) ou encore SENSO (1954) (Comme Stéphane (Daniel Auteuil), Franz (Farley Granger) se joue de la comtesse Livia (Alida Valli).).

Après avoir travaillé un temps sur un projet baptisé « la Promesse de vente », Claude Sautet l’abandonna pour s’intéresser à ce qui allait devenir Un cœur en hiver mais qui, à l’époque, s’intitulait : « Cœur de glace », « Valet de Pique », voir « Femme de cœur et valet de pique ». L’origine de ce nouveau projet remontait au jour où Philippe Carcassonne, le producteur de Quelques jours avec moi, lui avait confié Un héros de notre temps, le recueil de nouvelles, signé Mikhaïl Lermontov, romancier russe du 19e, mort en duel à 27 ans. Sautet ayant des difficultés à expliquer son rôle à Daniel Auteuil, le producteur avait imaginé que la personnalité introvertie du héros, résolu à séduire, sans l’aimer, la nouvelle conquête de son meilleur ami, pouvait l’y aider. C’est donc un livre paru en 1840 qui allait être à l’origine du 12e long métrage de Claude Sautet, coécrit avec Jacques Fieschi, que l’on découvre, dans le film, en client intéressé par Tchekhov dans la librairie d’Elisabeth Bourgine.

Encore plus passionné de musique que de cinéma, Claude Sautet – qui avait même été critique musical à Combat dans les années 47-49 – choisit avec minutie les musiques entendues dans son film, des œuvres de Ravel relativement peu connues, quelquefois aussi dissonantes que le destin des personnages eux-mêmes et, en tout cas, d’une extrême complexité d’exécution. Plusieurs témoins se rappellent d’Emmanuelle Béart, épuisée et au bord de l’évanouissement, après le tournage des playbacks. Il faut dire que, selon son habitude, Sautet, qui pouvait, aussi, être charmant, n’était pas toujours très tendre. Exigeant et directif à l’extrême, il faisait régner sur le plateau une ambiance tendue, confinant parfois à la perversité. Yves Angelo, le directeur de la photographie – futur réalisateur et ancien premier prix de conservatoire de piano – se souvient qu’avant le tournage de la grande scène d’explication dans la brasserie, Sautet reprocha violemment à sa comédienne un retard tout relatif de cinq minutes. Déstabilisée, voir fragilisée par ces remontrances, la comédienne trouva immédiatement le ton voulu !

Pour assister son premier assistant, Claude Sautet avait notamment engagé un jeune homme de 24 ans, un certain Frédéric Jardin, futur réalisateur de Nuit blanche avec Tomer Sisley mais, également, frère du romancier Alexandre Jardin qui, une dizaine d’années plus tard, dans son livre le Roman des Jardin, allait affirmer que son frère était, en fait, le fils que Claude Sautet avait eu avec sa mère, Stéphane Jardin. Si la relation entre Claude et Stéphane était avérée, il fallut faire parler l’ADN pour mettre un point final à ces supputations ; ce qui fut fait en mars 2008. Claude, lui, était mort des suites d’un cancer, huit ans plus tôt.

Dans Un cœur en hiver, Claude Sautet regarde dans le cœur de Stéphane (Daniel Auteuil), un maître violoniste brillant, mais n'y trouve que froideur (un cœur de glace). Il est complètement détaché des relations sociales, seul et sans véritables amis. Stéphane est un ...

On peut se demander ce qui fait que ce film est une telle réussite, l'histoire paraît simple, une histoire d'amour (encore !!) à sens unique (ou pas ?) entre un luthier (Auteuil) et une violoniste (Béart), avec au milieu un associé (Dussolier) qui tient la chandelle. La réussite ...

Lorsque le film s’achève, sur ce suspens entre la brisure et les élans d’une vie qui se poursuivra, conclusion de tant de films de Sautet, on se dit que toute sa filmographique tendait à ce chef-d’œuvre. Pourtant, Un cœur en hiver n’est plus en tout point fidèle ...