TWO LOVERS

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Jusqu’à Two Lovers, James Gray était un cinéaste qui prenait son temps. Six ans entre Little Odessa et The Yards. Sept entre The Yards et La nuit nous appartient. Mais uniquement un an se sera écoulé entre ce dernier et Two Lovers. Qui n’est pourtant un film différent des précédents qu’en apparence.

Si c’est la première fois qu’il s’aventure hors de son genre de prédilection, le film policier ; l’acteur, Joaquin Phoenix- avec qui Gray travaille ici pour la troisième fois consécutive, et les thèmes principaux restent les mêmes : Incapacité de s’émanciper d’une famille ou de faire des choix sentimentaux, poids des traditions culturelles juives russes sur un destin… Alors qu’est ce qui change dans Two Lovers ? Le regard, beaucoup plus intime de Gray sur ses personnages plongés dans une histoire d’amour aussi triangulaire qu’impossible. Et un certain optimisme au final, qui permet au film d’osciller entre la comédie romantique et le mélo.

Il est certes ici très relatif, mais que voulez-vous, un cinéaste ne peut jamais vraiment se séparer de sa patte naturelle. En l’occurrence chez Gray un goût prononcé pour la mélancolie, qui en a fait, Two lovers en est l’éclatante preuve, un réalisateur à part quand il raconte des histoires très modernes avec des sentiments de grand cinéma classique.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES NUITS BLANCHES ou encore SAAWARIYA .

à l’origine de Two Lovers, il y a Les nuits blanches, une nouvelle de Feodor Dostoievski. Un texte qui semble parler aux cinéastes, puisqu’il a été adapté de nombreuses fois à l’écran, par des réalisateurs très différents, de Luchino Visconti à Robert Bresson en passant par plusieurs versions iraniennes et indiennes.

James Gray a déplacé son action de St Petersbourg à Brighton Beach, le quartier russe de New York. Mais son inspiration est ailleurs : il avait en fait comme modèle le travail qu’avait fait Martin Scorsese et Paul Schrader sur Taxi Driver, inspiré à la base par Les notes du sous-sol, autre texte de l’écrivain russe. Seule entorse, l’impact d’une anecdote de sa propre vie : lorsque sa femme fut enceinte, lors d’une consultation médicale, on fit des tests pour vérifier que l’enfant n’était pas atteint de maladies génétiques, notamment celle de Tay-Sachs, syndrome se traduisant par des troubles neurologiques profonds, se transmettant héréditairement dans certaines communautés, dont celle, juive.

Gray interrogea le médecin sur leurs conséquences qui répondit que la plus courue était que les couples se séparaient. Le réalisateur fut si marqué et attristé par cette réponse qu’il en imagina une histoire de cœur brisé dont il nourrit de quelques éléments le scénario de Two Lovers, dont l’incurable dépression de Léonard. Mais Gray jure ses grands dieux, que malgré cet aspect, ce film est le moins autobiographique qu’il a réalisé. Que si les précédents étaient inspirés par des proches ou des membres de sa famille, Two Lovers est une pure fiction.

Le cas de Two Lovers dans la filmographie de James Gray devrait servir d’exemple à tous les cinéastes frileux à l’idée de quitter leur zone de confort. Après trois films qui explorent les mêmes thématiques (tragédie familiale, monde du crime, nuit urbaine), le cinéaste ...

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Leonard est atteint de la maladie de Tay-Sachs. Il ne prend pas régulièrement son traitement, ce qui entraîne un comportement maniaco-depressif. Il est un peu puéril, très réservé, et suicidaire. Il travaille dans la blanchisserie de ses parents. Son père lui présente ...