TORIL

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Dans la catégorie "premier film", Toril, de Laurent Teyssier, fut l’un des plus intéressants et prometteurs, découverts en 2016. Il s’agit d’un thriller aux contours de film social, qui voit un jeune garçon franchir la ligne jaune pour sauver l’exploitation familiale que dirige son père.

Laurent Teyssier, a situé son intrigue dans le Sud de la France, qu’il connaît puisqu’il est natif d’Avignon et qu’il a fait ses études de cinéma à Montpellier. Ce monde d’agriculteurs et de négociants, lui est familier aussi, puisque c'est celui de ses parents. Le mot “toril” décrit la cage dans laquelle le taureau est enfermé avant de se ruer dans l’arène.

L’esprit du film lui a été inspiré dit-il par l’observation du panorama social, qui veut que Cavaillon, sa ville, soit aujourd’hui "plus connue pour les règlements de compte", ou les saisies record de drogue, que par ses fameux "melons". Cette évolution lui semblait être le terreau d’une "vraie tragédie sociale" et elle trouve en Vincent Rottiers et son regard d’ange à la figure sale, son parfait interprète.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES ANGES AUX FIGURES SALES (1938) (La principale influence revendiquée par le réalisateur.) ou encore LA HORSE(1970) (Dans ce film de Pierre Granier-Deferre avec Jean Gabin, les ennuis commence lorsqu'un fermier normand découvre que quelqu'un a caché un stock d'héroïne dans son exploitation.).

Le début du film est particulièrement intéressant dans son déploiement, avec la mise en parallèle du monde de la course camarguaise et celui des marchés provençaux. La solitude du taureau avant de sauter dans l’arène est, elle aussi, assimilée à celle de l’agriculteur acculé par les dettes. Laurent Teyssier et son scénariste Guillaume Grosse, ont eu tout loisir de peaufiner leur script en résidence d’écriture, à la Maison Bleue, dans les Landes, après que leur synopsis fut sélectionné par un jury.

Leur première version, comportait un aspect documentaire plus affirmé sur la crise du monde agricole, avant qu’ils ne décident de le réorienter avec bonheur vers le film de genre. Laurent Teyssier invoque les influences de Michael Mann, Jeff Nichols et de James Gray bien sûr, dont on rêverait de voir un jour le remake Toril. De notre côté, on se s’est souvenus que dans La Horse, Pierre Granier-Deferre planqua lui aussi de la chnouf dans une grange.

Film à petit budget (deux petits millions d’euros), Toril n’en est pas moins une oeuvre cinématographique d’une belle facture formelle, tourné la plupart du temps en scope, avec un seul zoom et trois focales fixes comme l’a révélé son réalisateur. Un minimalisme qui donne à cet oeuvre son caractère parfois brillamment nerveux.

Un joli casting pour un bon film titré "Toril" du nom du local où on place le taureau avant son entrée dans la corrida. Après un début qui place le contexte social et les difficultés financières le film bascule petit à petit dans un polar où même la province est viciée ...

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