THE BEST OF DORIEN B en VOD
- De
- 2019
- 107 mn



Dorien, 37 ans, mène une vie idéale : un mari accompli, deux enfants adorables et une clinique vétérinaire qu'elle tient avec passion. Mais son équilibre vacille quand elle apprend que ses parents entretiennent une liaison secrète et que son mari s'avère très proche d'une de ses collègues. Dorien fait le point sur sa vie : est-ce un point de rupture ou une nouvelle opportunité ?...
- Drame
- Belgique
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
C’est sur le dos nu de la géniale Kim Snauwaert, dont c’est le premier rôle à l’écran, que s’ouvre The Best of Dorien B. La réalisatrice Anke Blondé dévoile dès lors l’intrigue de son long-métrage : la mise à nue d’une femme à la vie presque parfaite. Un mari aimant, deux enfants et un métier qu’elle chérit : Dorien a en surface une existence proche du long fleuve tranquille. Mais quand tout s’effondre du jour au lendemain, la surprise n’est pas complète pour le spectateur, qui voyait des signes avant-coureurs de cette chute grâce à la mise en scène de la cinéaste. La perfection était fissurée : les gestes répétitifs de préparation des repas, d’attentes d’un mari trop impliqué dans son travail et d’échanges épuisants avec ses parents laissaient planer le doute. Plus que des tâches quotidiennes, c’est toute une chorégraphie oppressante qui défilait sous nos yeux, que le moindre élément déclencheur était voué ruiner.
La maison de Dorien est dépeinte à la fois comme un refuge et comme une prison : chacun de ses gestes est filmé à travers des plans fixes ou de lents mouvements de caméra visant à explorer l’intériorité de la protagoniste. On n’effleure pas la lenteur de Jeanne Dielman, mais la trame narrative est comparable : un événement met à mal la routine d’une femme au foyer qui envoie tout valser. La contemplation laisse alors sa place à l’humour et à l’absurde. Exit le romantisme et la pudeur de Dorian Gray, bienvenue dans la vie bancale de Dorien B. Ses seins sont malmenés pendant un scanner, ses interactions avec le monde extérieur sont de moins en moins obséquieuses et révèlent un caractère refoulé depuis bien longtemps. C’est le contrepied humoristique de la découverte tragique d’une tumeur, électrochoc réveillant chez la protagoniste les échos de ses rêves de liberté loin des contraintes domestiques.
Sa condition de femme l’empêche d’être pleinement épanouie au sein d’un foyer qui se persuade qu’il ne peut que compter sur elle pour perdurer. Anke Blondé met en scène l’effervescence d’un esprit en lutte contre l’enfermement quotidien et l’émergence d’un désir ardent de se libérer des carcans. La réalisatrice oscille entre le rire face à l’absurdité des rôles imposés et la mélancolie d’un rêve longtemps délaissé. Dorien pourrait être présentée comme l’autre côté de la médaille de Frances Ha de Noah Baumbach : malgré une vie a priori mieux rangée, la charge mentale imposée par le patriarcat sous-jacent l’empêche, elle aussi, d’exister pleinement.
Le film se déploie comme une chronique douce-amère où l’humour, teinté d’ironie et d’auto-dérision, vient alléger la gravité d’une réalité trop sérieuse. Loin de sombrer dans le misérabilisme, Anke Blondé choisit d’explorer avec délicatesse la condition de celle qui a longtemps fait fi de ses propres besoins au profit d’un ordre social imposé. La tumeur n’est plus seulement une menace physique mais le symbole d’un malaise intérieur, d’un appel au réveil et à la réappropriation de sa propre destinée.