SUNNY ET L'ÉLÉPHANT

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Frédéric Lepage est un touche à tout. Un qualificatif qui, dans son cas, n’est pas synonyme de dilettante. Quand il s’engage dans un projet, c’est au prix d’un travail sérieux et approfondi. Ecrivain, il est l’auteur d’essais aux sujets aussi divers que l’architecture ou la gémellité, et de romans à suspense ou d’aventures. Producteur, il a travaillé pour la télévision, il y a créé des jeux et des séries documentaires. Editeur, il dirige une collection de livres pour la jeunesse. En 2008, il s’est fait cinéaste avec Sunny et l’éléphant.

Cette histoire de Sunny, adolescent thaïlandais qui veut devenir cornac alors qu’il n’appartient pas au groupe ethnique qui le lui permettrait, Frédéric Lepage l’a menée au cinéma par un concours de circonstances. "Je voulais raconter, dit-il, une histoire qui me tenait à cœur parce qu’elle se passe dans une partie du monde que j’aime, qu’elle implique une philosophie de spiritualité qui me plaît et des personnages attachants". Il en parle incidemment à un ami, Jean-Pierre Bailly, producteur du Dernier trappeur. Celui-ci y voit un potentiel cinématographique. Et c’est ainsi que l’histoire s’est transmise par voie de pellicule.

Compte tenu de son inexpérience en matière de réalisation, Frédéric Lepage se fait épauler par Olivier Horlaix, premier assistant de cinéma, qui signe la mise en scène avec lui.

 
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Six mois de préparation ont été nécessaires pour réaliser ce film.

Le casting s’est déroulé à Bangkok, Hong Kong, Kuala Lumpur et Singapour. Mais Keith Chin qui, en Sunny, tient le film sur ses épaules d’adolescent, a été recruté de façon différente. "Plutôt que de partir à l’aventure en organisant un énorme casting parmi tous les adolescents anglophones en Thaïlande, je me suis souvenu d’Anna et le roi, une énorme production américaine tournée quatre ans auparavant, dans laquelle jouaient des enfants de 12 ans qui devaient maintenant se trouver dans la tranche d’âge qui nous intéressait, raconte Frédéric Lepage. J’ai pensé que les Américains aveint sûrement ratissé toute l’Asie du Sud-est et trouvé les meilleurs". Ainsi est arrivé Keith Chin, Malais de Kuala Lumpur résidant à Perth, en Australie, prêt à être l’aspirant-cornac du film.

La préparation de Sunny et l’éléphant ne s’est pas bornée aux habituels repérages et casting. Chacun des acteurs choisis pour incarner un cornac a dû, outre le fait de savoir monter sur un éléphant, acquérir des connaissances et sur les gestes et habitudes des cornacs et se familiariser avec l’éléphant qui allait être son compagnon de tournage. Quant à l’interprète de Sunny, il a dû également s’entraîner à la boxe thaï et, pour incarner parfaitement le bouddhiste qu’il devait être et ne pas commettre de maladresse dans les gestes de prière qu’ils devait effectuer, a été initié au bouddhisme, quinze jours durant.

Dara, l’éléphante héroïne de l’histoire a été interprétée par deux éléphantes. C’est, après une sélection de trois paires d’éléphantes, Keith Chin qui a dû, en deux jours, choisir ses partenaires. à moins que ce ne soit elles qui l’ait choisi. "L’une d’elles, Bô, est allée spontanément le renifler sur tout le corps et l’embrasser avec sa trompe. Il l’a prise dans ses bras et ils sont devenus copains. Il en a été de même pour l’autre éléphante, Tata. Le matin, elles se précipitaient sur lui comme pour une cérémonie d’accueil", raconte Frédéric Lepage.

Tourné trois mois durant, de janvier à avril 2007, le film a été entièrement tourné en décors naturels, essentiellement dans les forêts du nord de la Thaïlande et à Bangkok, ville où éléphants sont, en principe, interdits. Il a donc fallu requérir des autorisations spéciales, qui ont d’ailleurs été accordées sans problème. Les rues chaudes de Bangkok ont, elles, été recréées dans une petit ville du nord de la Thaïlande.

La musique est signée Joe Hisaichi. Maître de la musique de film au Japon, le compositeur a œuvré pour les BO de quelque soixante dix films. Collaborateur fidèle d’un autre maître Japonais, mais de l’animation cette fois-ci, Hayao Miyazaki, il a apposé sa marque musicale à la plupart de ses films, du Château dans le ciel à Ponyo sur la falaise, en passant par Mon voisin Totoro, Princesse Mononoke ou Le Voyage de Chihiro. Il a également travaillé à de nombreuses reprises avec Takeshi Kitano pour Sonatine, A scene at the see ou Hana-bi. C’est parce qu’il souhaitait que la partition musicale soit écrite par "un compositeur qui comprenne la nature, la sensibilité et l’environnement du film" que le réalisateur a songé à lui. Prendre contact avec lui, parvenir à le rencontrer n’a pas été des plus simples. Des mois ont été nécessaires. Son accord obtenu, la collaboration s’est déroulée sans encombre et l’enregistrement s’est effectué à Tokyo.