SOLO

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Solo est un documentaire sur Martin Perino, pianiste virtuose et compositeur né à Buenos Aires en 1984. Il a commencé l’étude du piano à 4 ans et a obtenu de nombreuses récompenses. A vingt ans, victime d’une dépression, il a demandé à se faire interner à l’hôpital psychiatrique du Borda dans lequel il resté presque quatre ans après avoir été diagnostiqué schizophrène paranoïaque. Il a composé deux œuvres majeures: La Flor et Enfermaria. La seconde, pour laquelle il a travaillé avec en étroite connexion avec la chorégraphe et danseuses Soledad Marieta, évoque son processus de guérison. 

Le réalisateur Artemio Benki a commencé à suivre Martin Perino en 2014. Ce réalisateur argentin a fait se débuts comme journaliste à l’âge de 13 ans puis à sa majorité, il a rejoint l’équipe de L’Autre journal où il a collaboré avec Marguerite Duras et Hervé Guibert.  Il s’est installé à Prague en 1989 et a réalisé divers documentaires dont My Land en 1993. Il s’est ensuite fait connaître comme producteur avec notamment 4 mois, 3 semaines et 2 jours de Cristian Mungiu, Oncle Boonmee d’Apichatpong Weerasethakul et Le Ruban blanc de Michael Haneke. Il est décédé en 2020. 

Artemio Benki a rencontré Martin Perino lors d’une visite à l’hôpital du Borda et a été fasciné par cet homme qui pianotait sur une table devant un public admiratif composé de patients de l’institution. Le réalisateur a pris le temps d’apprivoiser le musicien avant de le filmer. Il considère que Solo n’est pas un portrait de Martin Perino à proprement parler mais qu’il a choisi de consacrer un film au musicien parce qu’il était « porteur d’un certain rapport au monde. »

 
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Le tournage de Solo s’est déroulé sur trois ans. Martin Perino et Artemio Benki parlaient beaucoup ensemble afin de décider de ce qui pouvait être filmé ou pas. Leur amitié est un élément capital dans la réalisation de Solo. Le musicien estime que le tournage du film l’a aidé à retrouver goût à l’espérance et à croire de nouveau en lui. Depuis le film, il a continué à composer. Il a fait une rechute et était de nouveau été brièvement interné quand il a appris le décès d’Artemio Benki qui l’a profondément touché parce qu’il considérait le cinéaste comme un grand frère. Le soutien du réalisateur avait été très important dans son processus de guérison. 

Martin Perino a rencontré Sole (Soledad Marieta) lors d’un festival artistique organisé par l’hôpital où il était interné. Des patients et des intervenants extérieurs étaient invités à participer à cette manifestation. C’est à cette occasion qu’il demandé à être présenté à une danseuse de formation classique qui pourrait l’aider à mettre de l’ordre dans son œuvre en cours d’écriture. Les mélodies qu’il entendait dans sa tête s’exprimaient sous forme de danse. La présence de Sole lui a aussi permis de calmer ses crises d’angoisse et de se sentir moins seul avec son piano. 

Martin Perino a très vite compris que Solo allait beaucoup plus loin que son cas personnel, qu’il s’agissait plus généralement d’un film sur quelqu’un qui tente de s’en sortir après avoir subi une crise terrible. Le musicien reconnaît avoir eu du mal à se réhabituer à la vie réelle et à la liberté qu’elle est censée donner. Les murs de l’hôpital lui apportaient une forme de sécurité dont il a eu du mal à se passer. Malgré des périodes de doute, il a tenu à, mener le projet de Solo jusqu’au bout par amitié pour le Artemio Benki et par respect pour l’équipe du film.

Décédé en avril dernier, le réalisateur de Solo, Artemio Benki, n’aura pas eu le temps de voir aboutir son dernier film dans les salles obscures. Un documentaire qui devrait pourtant connaître une belle trajectoire tant il propose un regard neuf et pertinent sur la maladie ...