ROUBAIX, UNE LUMIÈRE

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Roubaix, une lumière est basé sur un fait divers, le meurtre de Micheline Demesmaeker, une vieille dame de 73 ans, survenu en mai 2002. Le film permet à Arnaud Desplechin de revenir dans sa ville natale, Roubaix, où il a situé l’action de la plupart de ses œuvres. C’est alors qu’il travaillait sur la post-production d’Un conte de Noël que le réalisateur a découvert Roubaix, Commissariat central : affaires courantes, réalisé par Mosco Boucault, diffusé sur France 3 en 2008. Il a été si fasciné par ce fait divers et par la façon dont il était montré dans le documentaire qu’il l’a transformé en fiction.

À sa grande surprise, Arnaud Desplechin a découvert que le crime dont parle le film a été commis Cour Desplechin, un nom très courant dans la région de Roubaix et originaire du village belge d’Esplechin. Il est incapable de dire s’il ignorait ce détail ou s’il l’avait oublié avant de se lancer dans la réalisation du film. Il a tenu à tourner sur les lieux même où s’est déroulé le véritable fait divers. Il a pensé à Alfred Hitchcock qui a en avait fait de même pour Le Faux coupable, film sorti en 1956.

Par égard pour les protagonistes de l’affaire, le documentaire qui a inspiré Roubaix, une lumière n’avait pas été remontré à la télévision depuis sa première diffusion 2008. La famille de la victime, Micheline Demesmaeker, n’approuvait pas la réalisation du film. Son fils et sa petite fille ont tenté de joindre Arnaud Desplechin avant et pendant le tournage. Ils n’ont pas obtenu de réponse de la part du réalisateur. Ils ont cependant avoué avoir été soulagés après avoir voir le film en estimant que Arnaud Desplechin n’avait pas trahi la mémoire de la vieille dame.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'ADVERSAIRE (Nicole Garcia évoque l'affaire Romand, un fait divers passionnant en dirigeant Vincent Lindon dans le rôle de cet homme qui a assassiné sa famille.) ou encore L'AFFAIRE SK1 (Le retour sur la traque de Guy Georges offre également une fiction passionnante sur un fait divers.).

Arnaud Depleschin a voulu se placer au plus proche du réel pour filmer les meurtrières. Après avoir terminé Les fantômes d’Ismael, il avait envie de se colleter à la réalité. Il a commencé par retranscrire soigneusement le documentaire Roubaix, Commissariat central : affaires courantes en pensant le reproduire avec ses acteurs. ll a ensuite entouré les comédiens professionnels d’habitants de Roubaix, policiers, une juge, un médecin, de jeunes. Le réalisateur a placé des mots des vraies coupables dans la bouche de ses actrices. Il a d’abord retranscrit littéralement le documentaire mais s’est vite rendu compte qu’il était impossible que les acteurs, non professionnels reprennent les textes du documentaire à la lettre. Léa Seydoux et Sara Forestier avaient pour instruction d’essayer de retrouver les véritables expressions des femmes qu’elles incarnent.

Arnaud Deplechin a expliqué que ce qui l’intéressait dans Roubaix, une lumière était davantage les personnages que l’enquête policière. Il souhaitait notamment rendre de l’humanité aux meurtrières toxicomanes. Le personnage du commissaire croit que les gens naissent bons et que c’est la société les rend violents. Il ne se penche pas sur le mobile du crime. Il met l’accent sur la façon dont le crime a été commis. Il les considère comme des êtres humains et les prend en charge. Pour Arnaud Desplechin, il représente une utopie, celle que les institutions protègent de la sauvagerie. Il a pensé à Jean-Pierre Melville pour créer ce personnage et au Al Pacino de Serpico pour inventer celui du jeune policier interprété par Antoine Reinartz.

Roubaix, Une lumière a été projeté en compétition au Festival de Cannes mais en est reparti bredouille. Desplechin avait été découvert sur la Croisette en 1991 par la Semaine de la Critique. Le cinéaste est un habitué du Festival où il a été sélectionné à plusieurs reprises. Il a concouru en compétition officielle pour La Sentinelle en 1992, pour Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle) en 1996, pour Esther Kahn en 2000, pour Un conte de Noël en 2008 et Jimmy P. en 2013. Il a également connu les honneurs de la section Un certain Regard pour Léo en jouant « Dans la compagnie des hommes » en 2003 et celles de la Quinzaine des réalisateurs pour Trois souvenirs de ma jeunesse en 2015.

Je crois qu'on n'échappe jamais totalement à la ville dans laquelle on a été enfant, adolescent... Desplechin portait Roubaix en lui, et toutes ses frasques dans les milieux bobos / intellos parisiens, qui ont pu parfois nous irriter dans ses films les plus faibles, ...

Pour une fois l'allumé Desplechin nous pond une oeuvre relativement classique dans sa trame et parfaitement compréhensible intriguement parlant. L'atmosphère de cette ville du nord que l'on présente comme la plus pauvre de France est forcément grise et glauque. Nous sommes ...

Le cinéma français semble tellement soumis à cette fameuse politique des auteurs que le cinéphile peut se retrouver complètement déconcerté lorsqu’un réalisateur décide de changer de cap. Ce sera assurément la réaction face au nouveau projet d’Arnaud Desplechin, ...