ROCCO

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C’est le crépuscule de Rocco, le grand Rocco Siffredi, le pur-sang de la fin du 20e siècle, la verge d’Hercule. La cinquantaine arrivée le célèbre hardeur va raccrocher et deux réalisateurs français Thierry Demazière et Alban Teurlai ont suivi cette tournée d’adieu.

Sorti en 2016 , le film est un portrait apologétique et grandiose d’un corps, d’un dieu viril environné de vestales et aussi du désarroi d’un mortel qui laisse sa jeunesse et son péché originel derrière lui.

Dans les backrooms de l’industrie du porno quelque chose va disparaitre et le film était là pour en témoigner. Bienvenue chez Dyonisos.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PORN STAR : THE LEGEND OF RON JEREMY (2001) SCOTT J. GILL (Une évocation de Ron Jeremy, star atypique du porno américain de la fin du XXe siècle. Petit velu et grassouillet en fin de carrière il est pourtant considéré comme une légende dans un business qui ne manque pourtant pas d'étalon. C'est qu'il fut aussi un acteur de comédie, doté d'humour, de distance.) ou encore BOOGIE NIGHTS (1997) DE PAUL THOMAS ANDERSON (Film tragicomique sur l'industrie du porno californienne dans les années 70, l'oeuvre du jeune Paul Thomas Anderson montre à la fois une forme d'insouciance post-hippie, une véritable contre-culture de l'orgie puis l'irruption de la drogue, de la tracasserie administrative, enfin l'arrivée de la vidéo.).

A l’origine de ce film documentaire, la volonté des réalisateurs Thierry Demazière et Alban Teurlai de réaliser une oeuvre autour de l’industrie porno américaine. Très vite la figure de Rocco, sa notoriété se sont imposées, comme ultime star médiatique du porno. Contacté, le comédien a donné son feu vert à un film intime sur lui, sa vie, son oeuvre. Même si des scènes hard de tournage sont filmées, même si les nudités et les performances sexuelles sont souvent explicites, les réalisateurs se sont interdits de montrer toute pénétration. Si gros plans il y a, c'est sur les visages ou les corps dans un film qui recherche l’effort et la plastique.

Derrière la performance sportive, c’est aussi le désarroi des êtres et la fatigue qui s’inscrivent en plusieurs langues, italien, français, anglais. Rappelons, puisque nous assistons là à l’agonie du latin-lover, que Rocco Siffredi de son vrai nom Rocco Tano né dans les Abruzzes, dont le pseudo cinéphilique est lié à la fois à Visconti et Borsalino, faillit devenir curé avant que le démon ne lui sorte du caleçon. A partir de ses 25 centimètres d’amour, chiffre toujours controversé, il a inventé un style trash et gonzo non dénué d’humour et ce dès l’année 1984 et son premier film chez Marc Dorcel jusqu’à ses semi-retraites des années 2000.

Au bilan, plus de deux cents films qu’il a aussi produits. L’addiction au sexe, dont il a témoigné à plusieurs reprises, est saillante, si j’ose dire, dans ce film où l’on observe littéralement sa possession quand il fait l’amour. Mais il fut aussi, on s’en souvient, acteur, disons traditionnel, chez Catherine Breillat dans Romance (1999) et Anatomie de l’enfer (2004) qui exploraient précisément l’obsession sexuelle. Thierry Demazière et Alban Teurlai furent auparavant les auteurs de Relève un document sur le danseur et patron de l’opéra de Paris, Benjamin Millepied. C’est à une autre chorégraphie qu’ils nous ont convié cette fois, celle d’un personnage sadien pour ne pas dire un faune antique.