RIVALES

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Dans le même genre vous pouvez trouver LIAISON FATALE (Parce que Liaison Fatale demeure le mètre étalon du thriller domestique, genre adopté par Unforgettable.) ou encore MA MEILLEURE ENNEMIE (Parce qu'il revisite, avec un ton plus doux et positif, les mêmes thèmes et situations, la violence en moins.).

Quand Denise Di Novi reprend Unforgettable des mains de Ama Assante, elle hérite d’un projet plutôt avancé, avec Kerry Washington dans le rôle principal. Mais tout change très vite, et Di Novi doit repenser  la distribution. Ses décisions vont être dictées par sa volonté de casser les clichés, afin de surprendre le spectateur, mais également de remettre en cause des à priori, à la fois sur les comédiennes et les personnages qu’elles incarnent. Avec, en premier lieu, la star Katherine Heigl, qui domine le film en trouvant en Tessa, enfin, son premier vrai rôle de grande méchante.

Ce choix de casting fonctionne sous deux angles séparés, unis et presque contradictoires. Ce personnage d'ex glaciale, compétitive et cruelle, apparaît comme un miroir inversé de la personnalité chaleureuse dégagée par l'actrice dans la série Grey's Anatomy, ou le film En cloque mode d'emploi. Mais il fait en même temps écho à la réputation très négative ayant récemment suivie la comédienne. Loin d'être anecdotique, ces éléments ont pour Di Novi une forte signification. Ils permettent de transformer ce personnage négatif, en faisant de son comportement violent et intolérant le prix a payer pour la perfection glacée qu'elle, et Heigl en un même élan, ont dû présenter et assumer toutes ces années.

Le choix de Cheryl Ladd pour incarner la froide et manipulatrice mère de Tessa, fait sens dans cette même perspective. L'ancienne ange de Charlie des années 1970 a incarné jusqu'à la perfection un certain sex appeal blond et américain, elle devient pour Di Novi le modèle parfait et indépassable ayant transformé, sans le vouloir, sa propre fille en monstre d’envie et d'insécurité. Au milieu de cette noirceur, l'héroïne interprétée par Rosario Dawson permet à la cinéaste de poser un élément auquel elle tenait : une femme épanouie et afroaméricaine, dont la couleur de peau n’est jamais mentionnée. Mais elle alimente aussi le sous texte de ce thriller, sur cette Amérique Wasp dépassée, se sentant menacée par un nouveau pays plus tolérant et métissé. La compréhension que la réalisatrice manifeste pour les deux camps de cette bataille donne donc à l'affrontement une saveur à la fois émotionnelle et politique.