RAY & LIZ

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Depuis le cinéma free des années 1960 et les succès de Ken Loach ou Mike Leigh, le cinéma anglais s’est spécialisé dans un réalisme social cru. C’est dans cette tradition que l’artiste plasticien Richard Billingham s’inscrit pleinement avec ce premier long métrage, retour sur son enfance difficile au milieu d’une zone urbaine délaissée, en plein cœur des années Thatcher.

L'autobiographie n’est néanmoins pas le moteur central du récit. Ce sont ses parents, leur quotidien et leurs luttes, que le metteur en scène veut filmer. Il le fait à travers une narration qui doit autant à son amour du cinéma qu’à sa formation dans l’art contemporain. Ray & Liz ne présente pas une histoire au sens traditionnel, mais une suite de séquences, à travers trois vignettes, situés à différents endroits et périodes. Autant de moments qui surgissent comme des photos d’un album personnel, et finissent par former le puzzle global de cette famille.

Ray & Liz reprend ainsi l’imagerie, les plans et les thèmes du cinéma social de son pays, pour en livrer une version encore plus âpre et épurée. Comme si le réalisateur cherchait à capter et à rendre l’essence pure d’un certain art anglais.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BETTER THINGS (Parce que long métrage évoque un mélange similaire entre un réalisme social très anglais, et une stylisation presque cauchemardesque de ce quotidien.) ou encore MEANTIME (Parce que ce film demeure l'une des plus célèbres descriptions d'une famille dans l’Angleterre des années 1980, ravagée par le chômage et la désindustrialisation.).

Ray & Liz est peut-être le premier long métrage de son auteur, Richard Billingham, mais n’est en aucun cas la première œuvre qu’il consacre à ce sujet. Car il fut d’abord un photographe et artiste contemporain à succès pendant des années, et la matière ayant inspiré le film était déjà bien présente, à plusieurs reprises. L’enfance de Billingham dans le Londres ravagé par l’austérité des années 1980 est en effet la source première de son art, qu’il soit pictural ou cinématographique, et ses vrais parents sont plusieurs fois apparus dans leurs propres rôles, avant d’être finalement incarnés par des comédiens.

Deux œuvres peuvent être considérées comme une source directe : Ray’s a laugh, une exposition de photographies autour de son père et de son quotidien, présentée par Billingham à la fin des années 1990. Puis, en vrai répétition du long métrage à venir, Ray, une vidéo en un plan présentée en 2015. Cette œuvre a une sorte de double emploi. Elle fut en effet montrée comme une installation artistique s’intégrant au travail précèdent de l’artiste, mais elle était également un court métrage brouillon du Ray & Liz à venir, posant les bases de l’histoire et du style. En plus de ses parents, les photos de Billingham tournent également autour de l’autre élément central du film, le « Black Country », cette zone désindustrialisée et appauvrie des Midlands, décor de pratiquement toute son œuvre.

La dimension autobiographique du film a évidemment beaucoup pesé sur le tournage et la préparation, spécialement pour le choix des comédiens. Ces derniers devant incarner, entre autres, Billingham jeune, et ses parents, eux-mêmes si présents dans ses travaux. Une donnée qui a abouti à un perfectionnisme prononcé du metteur en scène, qui tenait à une cohérence entre son travail de photographe et celui de cinéaste. Il a ainsi accompagné l’actrice choisie pour jouer sa mère chez le tatoueur, et discuté des heures avec celui-ci pour s’assurer de la juste place et du rendu exact de chaque tatouage. Un travail de mémoire et de souvenirs au cœur même du projet.

Ce film de Richard Billingham, photographe et cinéaste est dans la lignée du travail de photographe de ce dernier, de nombreux plans de ce film ressemble à s'y méprendre à des photos de l'artiste. Pareillement pour le sujet, toute la carrière de Billingham a été ...

Ray & Liz, premier long métrage du photographe anglais reconnu pour son travail sur sa famille Richard Billingham, est digne de prendre place au côté des premiers films de Terence Davies et de Bill Douglas. Comme les Trilogies de ces deux cinéastes, ce film est largement autobiographique, ...

Cafards dans la cave, pisse de chien sur le sol, mégots de cigarettes sur les meubles, l’appartement de Ray et Liz, couple fatigué habitant la banlieue de Birmingham, est un tableau naturaliste. Sombre par le traitement des couleurs, sombre par son propos, Ray & Liz nous ...