PROFESSION : REPORTER

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C’est l’histoire d’un homme qui veut vivre la vie d’un autre. Reporter médiocre, le seul scoop qui lui reste est de s’offrir l’identité d’un mort. Entre l’Europe et l’Afrique Jack Nicholson suivi par Maria Schneider est en quête d’une autre vie ou d’un autre lui-même. Sortie en 1975 cette œuvre majestueuse est signée du grand cinéaste italien Michelangelo Antonioni. C’est déjà un film crépusculaire puisque la carrière du maître sera par la suite plus erratique, à la suite notamment d’un accident cardio-vasculaire en 1985.  Vous remarquerez dans ce film bien nommé un certain nombres d’images documentaires insérées dans le récit. Il ne faut pas oublier qu’avant de passer à la fiction, Antonioni fut d’abord un cinéaste de la réalité. Mais il y a surtout la beauté de l’image de Luciano Tovoli, la grâce du montage et la présence somptueuse des deux stars. Un chef d’œuvre ? C’est vous qui décidez.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE RETOUR DE MARTIN GUERRE DE DANIEL VIGNE (1982) (Un film en costumes qui relate dans un lointain moyen age l'histoire d'un homme revenu de la guerre et qui retrouve son village. Mais est-il vraiment celui qui en était parti ?) ou encore UN HÉRO TRÈS DISCRET DE JACQUES AUDIARD (1996) (Une autre histoire de substitution d'identité dans laquelle Mathieu Kassowitz incarne un jeune homme qui au lendemain de la seconde guerre mondiale endosse la personnalité d'un résistant.).

Avec la trilogie « l’aventura » (1960) « la notte » (1961) et « l’eclipse » (1962), Michelangelo avait gagné un ticket international. Il courut le monde pour des films qui, sur une toile américaine ou africaine, lui ressemblaient intimement. Méditatifs, erratiques, incroyablement graphiques. Blow up, Zabriskie Point et Profession : reporter dessinèrent une autre trilogie, aussi morbide que la précédente qui lui valurent une nouvelle gloire, un statut universel de maitre à penser et à filmer. Après les adultères détachés de la période italienne, vinrent des films très sixties hantés par une jeunesse occidentale désorientée, qui, a priori, ressemblaient peu à cet homme aristocratique alors plus près de la soixantaine que de l’âge ingrat. Au-delà de sa réputation flatteuse le film est connu pour deux scènes l’une de pure virtuosité cinématographique l’autre par la violence de son caractère documentaire. Le  plan séquence à la fin du film dure 7 minutes passe d’un intérieur jour maison, à un extérieur jour avant de revenir dans la maison en passant par une fenêtre comportant des barreaux. C’est le cinéaste lui-même qui a fait fabriquer pour ce plan un système de tubes flexibles ingénieux afin de faire circuler la caméra. Quand à l’autre séquence, souvent censurée lors de l’exploitation du film, c’est celle d’une réelle exécution capitale en Afrique que le cinéaste a insérée dans son récit, le dramatisant au-delà de tout. Ce voyeurisme est d’ailleurs le sujet du film, la caméra interrogeant la caméra, celle qui se retourne contre le personnage interprété par Jack Nicholson. L’acteur était déjà à l’époque une star en devenir qui, depuis Easy Rider de Dennis Hopper, Five easy pieces de Bob Rafelson et Chinatown de Roman Polanski grimpait au firmament hollywoodien. Faute d’un budget digne de son statut, le studio américain (la MGM) lui offrit pour cachet les droits vidéos du film. Quant à la jeune Maria Schneider elle fit durer le plaisir avant de signer son contrat. Il faut dire que trois ans auparavant un autre film italien « Le dernier tango à Paris » de Bernardo Bertolucci et la fameuse scène du beurre avaient été pour elle une expérience traumatisante. Profession reporter film d’une élégante misanthropie a eu une influence considérable sur de nombreux artistes de la fin du 20ème siècle. Il fut un élément déclencheur à la carrière du cinéaste brésilien Walter Salles. Pour l’anecdote Antonioni mourut le 30 juillet 2007 le même jour qu’Ingmar Bergman, l’autre grand esthéte désabusé du cinéma européen.

Les films d'Antonioni se divisent en deux catégories : ceux tournés en Italie et ceux tournés en dehors de l'Italie, ce film appartient à la seconde catégorie. Tout démarre dans le désert lorsque David Locke, reporter britannique lassé de sa vie et de la routine qui l'accompagne, ...

Alors que la mise au point s'effectue lentement sur le rose du crépuscule hispanique, qui vient lécher les murs blancs de l'hôtel de la Gloria - plan final par-dessus lequel commence à défiler le générique de Profession : Reporter - on est en droit de se poser plusieurs ...

L’intrigue policière subit chez Antonioni un traitement assez similaire que chez Modiano ou auteurs du Nouveau Roman. Volontairement désincarnée, très formaliste, elle épure les passions pour prendre une dimension métaphysique et existentielle. La question essentielle ...