PAUL SANCHEZ EST REVENU !

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On peut penser aux films des frères Coen tout au long de ce polar teinté d’humour noir et de tendresse lointainement inspiré de l’affaire de la tuerie de Nantes lorsque cinq membres d’une même famille furent assassinés en 2011 dans des conditions mystérieuses jusqu’à ce qu’un homme, un certain Xavier Dupont De Ligonnes, devienne le suspect numéro un.

Dans le film, Laurent Lafitte interprète donc un homme qui pourrait bien être un certain Paul Sanchez, qui, dix ans après avoir tué sa femme et ses quatre enfants dans un petit village du Var où il résidait, revient roder dans la région. Planqué sur un rocher, il entame une drôle de relation avec une gendarmette maligne et solitaire, passionnée de faits divers et désireuse de se faire remarquer par sa hiérarchie. Comme le précise la réalisatrice Patricia Mazuy, le film parle de ce que provoque les faits divers sur les gens. Les habitants du coin se focalisant sur le retour de Paul Sanchez tout en y projetant leurs fantasmes et leurs envies de vivre une vie excitante par procuration.  

Avec ses faux airs de western français, cette vision verticale d’un petit coin de France comme le résume encore sa réalisatrice, montre une communauté d’autochtones sortant de son socle d’habitudes face aux déambulations intrigantes de ce criminel en cavale. Un rôle formidablement interprété par Laurent Lafitte dont ne connaît jamais à l’avance ses intentions réelles et dont le jeu navigue entre la tragédie rentrée et une étrange drôlerie.     

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA HORSE (Jean Gabin en impose dans le rôle d'un propriétaire terrien dur à cuire faisant face à une bande de malfrats) ou encore LA PROCHAINE FOIS JE VISERAI LE COEUR (Une chasse à l'homme dans un contexte rural portée par le jeu flippant de Guillaume Canet.).

Né en 1973, Laurent Lafitte apprend son métier au Cours Florent ou il a pour camarade de promotion Gilles Lellouche et Guillaume Canet.  Devenu populaire en 1993 via le sitcom Classe mannequins diffusé sur la chaine M6, Laurent Lafitte enchaîne ensuite les seconds rôles au cinéma et à la télévision. Il révèle ses grandes capacités comiques en 2008 grâce à un one man show produit l’ex-Nul Dominique Farrugia puis, en 2012, devient pensionnaire de la comédie française où il apparaît chaque année dans une nouvelle pièce. Parallèlement à cette activité théâtrale prestigieuse, l’acteur mène une carrière au cinéma où il alterne les comédies populaires comme Papa ou Maman 1 et 2 et 16 ans ou presque et les rôles plus dramatiques comme Elle de Paul Verhoeven et Au revoir là-haut d’Albert Dupontel. Deux films à succès pour lesquels il fut nominé aux César dans la catégorie « meilleur second rôle ».

Sur l’ambiguïté de sa prestation de Paul Sanchez, Lafitte a déclaré dans une interview au Figaro : "Si le type n’est qu’un salaud, il ne m’intéresse pas, et je n’ai pas envie de l’interpréter. Ce qui est intéressant, c’est d’essayer de comprendre pourquoi, à priori, il est antipathique. Car c’est dans son humanité que l’on arrive à l’interpréter et non pas que dans ses défauts. Ce qui me rend obligé de sauver mes personnages."

Révélée en 1988 avec le film Peaux de vaches sur un conflit filial dans le Nord de la France, la Dijonnaise Patrica Mazuy, a réalisé cinq autres films pour le cinéma. Dont le drame historique féministe Saint Cyr et le drame chevalin Sport de filles qui, comme Paul Sanchez est revenu, avait déjà un petit arrière-goût de western. 

Le terme « jeu » a plusieurs acceptions, dont celle, moins fréquente, d’un mouvement : on dit d’un mécanisme mal serré qu’il a du jeu. Le dernier film de Patricia Mazuy semble volontairement jouer sur cette polysémie : en mettant du jeu dans sa structure, il s’amuse ...

Paul Sanchez est revenu ! a tout du film policier français, du moins en apparence. Nous avons une brigade de gendarmerie du Var, prise avec les soucis quotidien des habitants. Nous avons le journaliste local, qui aimerait bien sortir du monde des infos locales et ne cache ...

Les premières images de "Paul Sanchez est revenu !" sont emblématiques : de la Provence, on ne voit que de laides constructions commerciales comme celles qui défigurent tout le paysage péri-urbain français : tout le film - magnifique - de Patricia Mazuy va nous parler de cet ...