MOSCOU NE CROIT PAS AUX LARMES

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En 1981, le long-métrage que vous vous  apprêtez à découvrir fut récompensé de l'Oscar du meilleur film étranger. Son réalisateur, Vladimir Menchov, mieux connu comme acteur, n'avait jamais réalisé de film auparavant et il fut pourtant préféré par les votants à Akira Kurosawa et à François Truffaut, nommés respectivement pour Kagemusha et par Le Dernier Métro. Pas rien.   

Moscou ne croit pas aux larmes est une fresque sociale de laquelle émane une irrésistible humanité. Dans l'URSS de la fin des années 50, on suit l'itinéraire de trois jeunes provinciales montées avec enthousiasme à la capitale, en quête d'une vie meilleure, confortable, digne. Parmi elles il y a notamment Katia, partagée entre l'envie d'une situation professionnelle épanouissante et celle de rencontrer le grand amour. Chacune va découvrir à sa manière, la face sombre que cache la vie dans une grande ville. 

L'actrice Vera Alentova qui tient le rôle de Katia est devenue l’une des actrices les plus populaires de l'ex-Union Soviétique grâce au succès de ce film, vu à sa sortie par près de 85 millions de spectateurs. La photographie de Vladimir Menchov sublime sa photogénie tout au long du récit. Il y a de l'amour dans le regard qu'il porte sur son héroïne, qui était déjà alors sa femme dans la vie. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DES ESPAGNOLES À PARIS (A Paris, dans les années 70, l'odyssée d'une poignée de femmes qui quittent l'Espagne de Franco à la recherche d'une vie meilleure dans la capitale française.) ou encore ILS MOURRONT TOUS SAUF MOI (2008) (Réalisé par Valeria Gaï Germanica et découvert à Cannes, une vision ultérieure de la condition féminine en Russie.).

En faisant courir le récit sur deux époques - la fin des années 50, puis la fin des années 70 - Vladimir Menchov nous donne à voir combien la société soviétique a pu évoluer. La première partie illustre ce qu'était Moscou sous Nikita Kroutchev et cette période connue comme le “dégel” après la dureté du règne brutal de Joseph Staline. Sans tomber dans l'angélisme, ni faire de propagande, Vladimir Menchov, montre bien la soif de vivre librement qui animait alors la jeunesse soviétique, éprise par exemple de poésie. 

Une belle insouciance et beaucoup de gaieté sont perceptibles chez ces jeunes femmes prête à croquer la vie. Pour autant, tout n'était pas que luxe et volupté alors, semble vouloir souligner Vladimir Menchov à travers quelques scènes ; celle notamment où des amoureux qui flirtent ouvertement dans la rue se voient rappelés à l'ordre ; celle aussi où Katia, devenue mère célibataire, maquille avec l'aide de ses amis venus la chercher à la sortie de la maternité, le scandale que sa situation représente. 

La seconde partie du film se déroule à la fin des années Brejnev. La stabilité économique est palpable et le climat social qui domine alors le monde du travail a visiblement permis à Katia de passer de simple employée à directrice d’usine et de s’accomplir en tant qu’individu au service du parti. Cependant, cette période est aussi celle où l'alcoolisme, identifié à la fin des années 70 comme un véritable fléau, fait des ravages dans les familles. En revanche, Vladimir Menchov ne nous dit rien sur la corruption galopante, l'un des points noirs de l'administration Brejnev. C'est sur l'amour triomphant qu'il préfère mettre l'accent en conclusion de son oeuvre. l'esprit de Frank Capra et de son cinéma édifiant n'est pas si loin. Dans cette Union Soviétique là, les sentiments ont leur place. Et c’est peut-être aussi ce qui avait fini de séduire l'Académie des Oscars.  

Coupé en deux parties, Moscou ne croit pas aux larmes est une belle fresque où Moscou joue un rôle à part entière, de par son attrait, ce qu'il représente et la façon dont Vladimir Menshov le filme sous tous les angles.Derrière ce très beau titre se cache le destin ...

Oeuvre archi- culte en Russie et diffusée en son temps en Occident, ce film doux-amer regorge de qualités; la principale d'entre elle est qu'il constitue une véritable encyclopédie de la Russie soviétique, tout y est : la conscience de classe malgré l'idéologie officielle ...

Couronné de l'Oscar du Meilleur film étranger et immense succès dans son pays, "Moscou ne croit pas aux larmes" est une fresque "banale" dans la Russie soviétique. D'abord celle du dégel khrouchtchévien dans une première partie et puis dans une seconde celle de l'ère brejnevienne... ...