MEURS, MONSTRE, MEURS

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Présenté à Cannes en 2018, Meurs, monstre, meurs d’Alejandro Fadel n’est pas si simple à décrire. Film d’horreur? Ce serait un peu simpliste. Enquête policière? Oui sûrement mais ce serait passer à côté du reste composé d’histoires d’amour complexes et contrariées et de questionnements surréalistes. Une chose est sûre, ßest à part. 

On y suit l’officier de police rurale Cruz qui mène l’enquête sur le corps d’une femme retrouvé décapité au fin fond de la Cordillère des andes. David, le mari de Francisca, amante de Cruz, est vite le principal suspect. Envoyé en hôpital psychiatrique, il y incrimine sans cesse les apparitions brutales et inexplicables d’un certain Monstre. 

Avec ce film, l’Argentin Alejandro Fadel réalise son troisième long métrage après El amor - primera parte en 2005 et Los Salvajes en 2012. Il fait partie d’une jeune garde du cinéma d’Amérique du Sud composé notamment de Santiago Mitre à qui l’on doit des films comme Paulina ou El Presidente et Pablo Trapero auteur notamment de Elefante Blanco et El Clan. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA RÉGION SAUVAGE D'AMAT ESCALANTE (Des meurtres, l'Amérique du Sud profonde, une bête sexuée et étrange...) ou encore THE STRANGERS DE NA HONG-JIN (La campagne, des meurtres sordides et inexpliqués et l'horreur qui n'est révélée qu'à la fin, les films sont proches dans leur démarche).

Il le dit lui-même, Alejandro Fadel aime le cinéma d’horreur. Il a commencé à le découvrir lors de ses études des classiques tels que Nosferatu, Le Cabinet du docteur Caligari, Freaks ou encore les films de James Whale et Jacques Tourneur. Plus tard, il s'est intéressé au giallo ainsi qu'aux films de genre américains, en particulier ceux de John Carpenter et de David Cronenberg. Et quand on voit Meurs, monstre, meurs, cela ne fait aucun doute. Au risque d’être parfois presque écrasé par le poids de ses références, Alejandro Fadel cite et se blottit à outrance dans les maîtres et films cités plus tôt pour obtenir un long métrage à l’ambiance cauchemardesque. 

Amusant d’ailleurs de voir ces références occidentales s’accumuler quand l’impression plus générale du film pousse à faire des liens plutôt avec le cinéma oriental. Meurs, monstre, meurs fait penser, pour son ambiance pesante et son humour sur les policiers, à Memories of Murder de Bong Joon-ho mais aussi et surtout à The Strangers de Na Hong-jin sorti en 2016. Même souci de la superstition et du mystique, même localisation rurale où le mal rôde et agit impunément et même volonté de maintenir le suspens jusqu’au dernières minutes, de ne révéler le monstre que dans ses derniers instants pour laisser croître l’angoisse et la réflexion de son spectateur.

Alejandro Fadel joue beaucoup avec cette notion de foi, de capacité à croire en l’impossible jusqu’à ce que l’innommable apparaisse, au risque d’en désarçonner plus d’un. Et il appuie cette opposition foi versus scepticisme notamment avec son personnage d’enquêteur appelé Cruz qui donc dès son nom semble porter la croix de la croyance. Meurs, monstre, meurs est un film métaphorique sur la peur de l’inconnu et sur l’angoisse que celui-ci provoque. Mais aussi la fascination qu'il inspire et le désir presque malsain qui en découle. Alejandro Fadel joue sur tous les tableaux pour une oeuvre radicale à l’image de cette jeune génération de cinéastes d’Amérique du Sud menée notamment par Carlos Reygadas et Amat Escalante.  

Dans ce genre de films, où le monstre demeure inconnu et mystérieux tout le long, l’histoire s’égare souvent au moment de dévoiler ce monstre. Pour le coup, déjà que le reste du film est clivant, cette révélation-là aura achevé de conforter les sceptiques dans leur ...

Peu adepte de ce genre de films d'habitude - je m'aperçois en lisant les critiques que j'ai assez peu de références -, je me suis pourtant laissé tenter par la bande annonce, qui suggérait une qualité plastique. C'est bien le cas : à mi-chemin entre le film gore et le ...

Attention, voilà un film à l’atmosphère putride. Imaginez un repas avarié, bouffé par les vers, dégoulinant d’une morve verdâtre dont on ne pourrait décrire l’odeur. Imaginez, ensuite, un mix entre les énigmes mystérieuses de Twin Peaks de David Lynch, l’enquête ...