MAL DE PIERRES

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Sortie en octobre 2016 – le même jour que Brice de Nice 3 – Mal de pierres, le huitième long métrage réalisé par Nicole Garcia, est la libre adaptation du deuxième roman de la Sarde Milena Agus, paru dix ans plus tôt. 

Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, quelque part en Provence, Gabrielle passe pour folle aux yeux de ses parents et de la petite bourgeoisie agricole dont elle est issue. Il faut dire que Gabrielle est à la recherche de l’amour absolu, bien loin du rôle que l’époque et les convenances veulent lui faire jouer. Mariée de force à José, un ouvrier saisonnier qui saura à quoi s’en tenir dès le premier soir, elle va bientôt devoir partir en cure, pour cause de calculs rénaux, le fameux « mal de pierres ». C’est là, derrière les hauts murs d’un helvète établissement thermal, qu’elle tombera follement amoureuse d’un militaire revenu blessé de la guerre d’Indochine. 

Bien que très occupée – elle venait de tourner six films en un peu plus d’un an, notamment avec Xavier Dolan, Arnaud Desplechin et Guillaume Canet – c’est à Marion Cotillard, et à personne d’autre, que Nicole Garcia voulait offrir le rôle de Gabrielle, avouant même n’avoir jamais su répondre à la question : « Qui d’autre ? ». Pour incarner le mystérieux lieutenant malade, elle fit appel à Louis Garrel, comédien récemment devenu cinéaste, et c’est à Alex Brendemühl, comédien hispano-germanique, également passé à la réalisation, qu’elle confia le rôle du pauvre mari.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SOUFFLE AU COEUR (1971) (En cure dans le Morvan, le jeune Laurent (15 ans) va découvrir l’amour dans les bras de sa mère.) ou encore MADAME BOVARY (1991) (Emma Bovary est aussi insatisfaite que Gabrielle, l’héroïne de Mal de pierres.).

Cinq mois avant de sortir sur les écrans français, le film que vous venez de voir fut présenté en sélection officielle au Festival de Cannes 2016. Mais, comme pour l’Adversaire, en 2002, et Selon Charlie, en 2006, Nicole Garcia quitta la croisette bredouille. Si le jury, présidé par George Miller, ignora le film, l’ensemble de la critique se montra particulièrement réservé. « Il faut reconnaître, écrit Lucien Logette dans la revue Jeune Cinéma, que la réalisatrice est bien audacieuse de proposer un film parfaitement scénarisé, [...] dans lequel la passion irrigue chaque plan et où le fantastique apparaît naturel. [...] C’est vraiment rechercher l’échec. » Et, en effet, Mal de pierres ne dépassera jamais la 9e place du Top 40, avant d’en disparaître au bout de six semaines, avec un total de 660.000 spectateurs, seulement.    

Si le lyrique Eric Libiot écrit dans l’Express que le film « souffle sur les braises d’un grand cinéma qui raconte l’aventure des corps et des cœurs » et si Pierre Murat dans Télérama assure qu’il s’agit d’un film « réussi et troublant », Mal de pierres ne fit pas l’unanimité. « Trop lisse,  trop appliqué [et] trop sage » pour Jean-Claude Raspiengeas de la Croix. « On peut difficilement imaginer mise en scène plus réglo, soignée, professionnelle et sans aspérité », se plaint Didier Péron dans Libération, alors que, dans le Canard enchaîné, David Fontaine estime que « la révélation finale tombe comme un cheveu sur la soupe ». C’est Thierry Gandillo, dans les Echos, qui attire l’attention de ses lecteurs sur le comédien Alex Brendemühl qui, « en mari digne et aimant, touche le plus. ». 

Encore peu connu en France, ce comédien né en 1972 à Barcelone, d’une mère espagnole et d’un père allemand, suit, depuis le milieu des années 90, une carrière internationale. En 2003, c’est son rôle de serial killer médiocre, dépressif et hyperviolent dans les Heures du jour de l’Espagnol Jaime Rosales qui attire l’attention sur lui. Présenté au cours de la Quinzaine des réalisateurs, le film reçoit le Prix de la critique internationale. Lui-même, en Espagne, recevra deux prix d’interprétation. Après la réalisation d’un premier long métrage, c’est en 2013, dans le Médecin de famille de l’Argentine Lucia Puenzo, qu’il accepte de jouer avec sa ressemblance physique pour incarner Joseph Mengele, l’ancien médecin des camps nazis, réfugié en Amérique du Sud. On n’oubliera pas non plus que, grâce à une construction en flash-back, il fut, en 2008, le père de Danielle Darrieux dans Elle et moi, la minisérie télévisée du Français Bernard Stora.

MAL DE PIERRES (13,8) (Nicole Garcia, FRA, 2016, 116min) : Ce mélodrame romanesque académique narre le destin de Gabrielle, jeune femme élevée dans la bourgeoisie agricole provençale des années 50, rêvant de la passion amoureuse mais poussée au mariage par la pression ...

Nicole Garcia est au cinéma français des ces dernières années ce que Berthe Morisot fut au courant impressionniste, inspirante (de De Broca, en passant par Resnais, Deville, Sautet, Pinheiro, ou encore Claire Simon) et inspirée (« 15 août », « Le fils préféré », « ...

Adaptant le roman de Milena Agus, Nicole Garcia nous livre ici un film de facture très classique mais qui taille, dans la France de 1950, d'audacieuses perspectives, ouvrant sur des questionnements encore actuels. On découvre ainsi une Marion Cotillard explosante de sensibilité, ...