MAD FATE en VOD
- De
- 2024
- 108 mn
- Policier / Suspense
- Chine | Hong-Kong
- Tous publics
- VO - HD
PARCE QUE
Le thriller de Soi Cheang, produit par Johnnie To, repose sur quatre personnages que le très efficace et redoutablement tortueux scénario fait se côtoyer pour le meilleur et surtout, genre oblige, pour le pire de ce qui pourrait leur arriver ou de ce qu’ils sont amenés à faire : un livreur quasi psychopathe fasciné par le sang, une espèce de sorcier aux pratiques occulte et aux rituels secrets, un flic persévérant et un tueur absolument sadique. Avec de tels protagonistes, on se doute que les rebondissements iront crescendo, le film prenant alors des tournures de conte fantastique et halluciné.
La présence récurrente d’un chat noir aux yeux évidemment jaunes confirme cette tendance baroque et référencée, tout comme l’omniprésence d’un temps orageux, un temps d’apocalypse serait-on tenté de dire, où tout peut avoir lieu dès lors que les éléments se déchaînent. Un environnement inquiétant d’autant plus étrange qu’il est en contradiction avec le monde du feng shui dont le film fait une satire réjouissante. Le feng shui, cet art philosophique chinois visant à harmoniser l’univers et les êtres vivants. Bien loin par conséquent de la violence qu’évoque Mad fate.
Série B absolument assumée et revendiquée, le film de Soi Cheang multiplie notamment les références au grand classique qu’est devenu Memories of Murder du Coréen Bong Joon-ho, modèle de comédie et de noirceur, tout à la fois peinture sociale et thriller, polar qui mélange allègrement les genres. Et ce statut ne l’empêche nullement, bien au contraire, de s’aventurer dans les terres du questionnement existentiel en interrogeant par exemple et avec beaucoup d’habileté la délicate et inévitable question du libre arbitre.
Soi Cheang aborde ces questions sans jamais se départir d’un sens jubilatoire du burlesque et de la comédie. Symboliquement, le tonnerre récurrent peut devenir littéralement multicolore, le sombre virer au solaire, l’horreur s’anéantir dans un pas de côté salutaire. Au fil de son récit, Mad Fate devient alors ce qu’il est profondément : un film de transmission, le récit bigarré du passage du témoin d’un maître à son élève, le tout avec des allures de BD punk aux personnages hauts en couleurs.