LES VOLEURS DE CHEVAUX

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Des paysages de plaine à perte de vue aux pieds de montagne. Des éleveurs de chevaux et des cavaliers dégainant parfois des fusils. Une communauté villageoise, Un gangs de voleurs de troupeaux... Beaucoup d'éléments des Voleurs de chevaux invoquent la mythologie du western. Le film de Yerlan Nurmukhambetov et Lisa Takeba n'en est effectivement jamais très loin.  

Le rapprochement est d'autant plus logique, que les steppes de l'Asie centrale offrent aux cinéastes le même terrain d'histoires que ceux de l'Ouest sauvage. A la différence près que la réalité de cet endroit du monde impose ses règles et sa vision. Les voleurs de chevaux est donc un film rugueux, dépouillé, jusqu'à réfuter le motif récurrent des westerns, la vengeance, pour en faire ici une histoire de construction, celle d'Olzahs, un gamin devenu orphelin, et va devoir faire son apprentissage de la vie auprès d'un mystérieux étranger apparu peu de temps après la mort de son père. 

Bien que reprenant donc les codes du western à l'ancienne, Les voleurs de chevaux est bien plus un film qui s'inquiète du futur, celui d'un enfant et de sa mère soumis à un modèle de société déclinant, alors qu'il leur faut désormais tracer de nouvelles routes.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MY SWEET PEPPER LAND (Une autre réinvention moderne des codes du western, cette fois-ci au Kurdistan) ou encore LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L'OEUF (Les steppes d'Asie centrale sont décidément un terrain ou renouveler le film de genre : ici, autour du film noir, dans la mongolie.).

Les voleurs de chevaux est coréalisé par un duo inédit : un Kazakh, Yerlan Nurmukhambetov et une Japonaise, Lisa Takeba. Elle a écrit des scénarios de jeu vidéo et des romans a lire sur téléphone portable ou réalisé des films d'horreur, lui vient d'une filière plus traditionnelle, entre fibre documentariste et cours de cinéma. Rien en commun ? Si, l'Asie centrale. Takeba en est tombée amoureuse lors d'un voyage alors qu'elle était étudiante. Elle s'entichera y compris de son cinéma, notamment de Luna Papa, film tadjik de Bakhtyar Khudojnazarov . Au point d'être attristée lorsque Nurmukhambetov lui apprend son décès, lors de la soirée cannoise où ils font connaissance. Elle propose alors qu'ils fassent un film en commun. Nurmukhambetov a déjà en tête d'adapter un fait divers qui s'est déroulé dans un village Kazakh, Takeba en parle à un producteur japonais qui accepte de monter le projet.  

Nurmukhambetov est à l'aise avec cette collaboration (il a précédemment coécrit et cosigné The first rains of springavec Sano Shinju, un réalisateur japonais), Takeba va se familiariser avec la langue kazakh, à la grammaire assez proche du japonais. Les deux seront sur un terrain d'entente totale lorsqu'ils découvrent, lors des repérages, le lac Tuzkol, endroit qui nourrira leur visions pour Les voleurs de chevaux. Le casting sera lui aussi, une histoire d'équilibre entre leurs cultures : Samal Yeslyamova, actrice kazakh, qui a décroché le prix d'interprétation féminine à Cannes 2018 pour Ayka, jouera Aigul, la mère ; Mirai Moriyama, acteur et danseur japonais sera, Kairat, l'homme qui devient un père de substitution pour Olzahs. 

La bascule penchera pour autant du côté Kazakh, avec une autre histoire de père spirituel : si le personnage joué par Moriyama,celui qui va transformer la vie Aigul et Olzahs, a été baptisé Kairat,c'est en hommage à un film du même titre, celui que réalisa Darezhan Omirbaev en 1992, relançant, jusqu'à une reconnaissance mondiale, le cinéma kazakh.

Des paysages tellement beaux qu'ils en coupent le souffle, des personnages mutiques, des duels sans pitié, un mode de vie rude et violent, on a ici tous les ingrédients du western, mais ça joue avec les codes bien entendu, tout en en reprenant les clichés les plus évidents, ...

Parler de western pour caractériser Les voleurs de chevaux est réducteur et à moitié faux puisqu'on pourrait également le qualifier de film noir (Kazakh noir ?), de drame ou de récit d'apprentissage puisque les événements y sont principalement vus à travers les yeux d'un ...

Il était une fois un pays aux vastes étendues vallonnées au pied d'une chaîne montagneuse somptueuse. Il était une fois une famille d'éleveurs de chevaux et de cultivateurs de légumes qui vivait dans la steppe kazakhe. Il était une fois deux réalisateurs, qui pas un ...