LES JEUNES AMANTS

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C’est l’histoire de Shauna. Elle est belle, indépendante, farouchement libre mais elle a mis sa vie amoureuse de côté. Survient Pierre, de retour dans sa vie quelques années après qu’ils se soient croisés. Dès lors, la passion à laquelle cette femme et cet homme avaient refusé de céder, va tout emporter. Eux bien entendu, mais aussi les conventions et leurs entourages…

Ah oui, petite précision : Shauna a 70 ans, Pierre 45… Une fois cela dit, sachez que « Les jeunes amants », le film de Carine Tardieu, est une pure merveille d’élégance et de douceur. Avec pudeur, la réalisatrice y filme les corps sans s’y attarder, sous-entend les rapports charnels plutôt que de les montrer et laisse au contraire toute la place aux sentiments ambivalents de ses personnages.

Fanny Ardant et Melvil Poupaud forment ce couple que la vie n’attendait pas. Leur beauté, leur grâce et leur délicatesse font de ce moment de cinéma une œuvre à part qui aborde avec force les questions de l’âge, du temps qui passe et qu’on ne peut plus perdre…

Une fois encore, Fanny Ardant apporte au film dans lequel elle joue une dimension rare que peu de comédiennes possèdent. Au point qu’après avoir vu « Les jeunes amants », on n’imagine pas quelqu’un d’autre dans la peau de Shauna. Et si on l’imagine, on a du mal à trouver un nom ! Et c’est comme ça depuis ce milieu des années 70 qui la vit apparaître, (d’abord fugacement) sur nos écrans. Un physique à part, comme sculpté à coup de serpe, une silhouette sensuelle, un visage tout en angles et cette vois inimitable tant de fois imitée… En 1980, « Les uns et les autres » de Claude Lelouch jettent l’actrice sous les feux de la notoriété. La décennie qui s’ouvre sera sienne…

« La femme d’à côté » de François Truffaut en 81 fait d’elle une femme fatale. Compagne du réalisateur dans la vie, Fanny Ardant l’accompagnera une dernière fois à l’écran dans « Vivement dimanche ! » en 1983. Avant et ensuite, elle enchaine les collaborations avec les plus grands cinéastes. Alain Resnais sera l’un de ses complices favoris : « La vie est un roman » en 82, « L’amour à mort » deux ans plus tard et « Mélo » en 1986… Une liste enrichie par ses apparitions chez Costa-Gavras en 86 dans « Conseil de famille », Michel Deville cette même année dans « Le paltoquet » puis Yves Angelo dans « Le colonel Chabert » en 93, « Ridicule » de Patrice Leconte en 1996, « La débandade » de Claude Berri en 99 ou encore « Huit femmes » de François Ozon en 2002, l’un de ses plus gros succès.

Une carrière exemplaire saluée par deux César, (meilleure actrice en 97 pour « Pédale douce » de Gabriel Aghion et du meilleur second rôle féminin pour « La belle époque » de Nicolas Bedos en 2020), qui épouse donc aussi le registre de la comédie et des grands rendez-vous internationaux. Citons « La famille » d’Ettore Scola en 1987, « Par-delà les nuages » de Michelangelo Antonioni et « Sabrina » de Sydney Pollack en 95, « Callas forever » de Franco Zeffirelli en 2001 ou « La grande bellezza » de Paolo Sorrentino en 2013…

Jusqu’ici Carine Tardieu ne m’avait jamais déçu. Que ce soit avec La tête de maman, Ôtez-moi d’un doute ou Du vent dans mes mollets son meilleur film à ce jour. Les jeunes amants est assez différents de ces trois-là mais toujours aussi réussi. Il aborde des thèmes ...

Évidemment. Fanny Ardant convoque immanquablement cette référence tutélaire que le film bravache assume. Elle est une fois de plus bouleversante,humaine ,terriblement humaine,et radieuse. Pour remplacer le Gérard Depardieu de l'époque, la réalisatrice fait appel a Melvil ...

Après un prologue sans doute superflu le récit se met en place de façon très naturaliste, très réaliste, avec une immersion tout en délicatesse et sans effet démonstratif. Ainsi, l'homme (gendre idéal comme on dit pas un défaut !) avoue aussitôt à son épouse sa première ...