LES GENS QUI S'AIMENT

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Jean-Charles Tacchella avait 74 ans lorsqu’est sorti Les gens qui s’aiment, son dernier long métrage. Et on peut dire que jusqu’au bout de sa carrière cinématographique, l’homme n’aura cessé de s’intéresser aux complexités des relations homme-femme.

On y suit Angie et Jean-François, la cinquantaine et le couple ronronnant. Et pourtant leur histoire n’est pas simple, et une fois de plus Angie, qui n’est pas du genre à laisser sa vie passer, part. Pour la Floride cette fois. Sa fille, Winnie, revient, elle, du Canada et rencontre Laurent, un Don Juan à l’esprit libre. Et elle, si romantique, souhaite rencontrer le grand amour, mais est-ce vraiment Laurent? 

Quatre personnages, deux couples, une ville. Jean-Charles Tacchella, tout en offrant une balade dans la capitale, s’intéresse au va-et-vient de l’amour bourgeois, entre romantisme et volonté de liberté, désir et peur de l’ennui. C’est aussi le portrait de deux âges, un forcément plus naïf que l’autre. Le tout en revisitant sa propre filmographie.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MODERN LOVE DE STÉPHANE KAZANDJIAN (Dans les deux films, une même volonté de décrypter les relations hommes-femmes) ou encore IL Y A LONGTEMPS QUE JE T'AIME DE JEAN-CHARLES TACCHELLA (Même réalisateur mais aussi un même contexte de séparation d'un couple âgé et de leur amour indéfectible).

Quand Les gens qui s’aiment sort au cinéma, en 2000, Jean-Charles Tacchella vient d’être élu président de la Cinémathèque française. Il y restera jusqu’en 2003, où il démissionna, notamment en raison d’une forte mésentente avec le personnel du temple de la cinéphilie mais aussi avec les méthodes du ministère de la Culture. Les gens qui s’aiment est son dernier long métrage mais il semble concentrer l’essence de son cinéma avec un brin de nostalgie. Deux couples, deux histoires pour une observation toujours amusée de la société et de la famille, bourgeoise en particulier. Le tout avec un petit côté désuet particulièrement seventies, voire même tendance Nouvelle Vague dans la façon dont les personnages s’expriment.

Il y a beaucoup d’Il y a longtemps que je t’aime dans Les gens qui s’aiment. Le film de 1979, avec Jean Carmet et Marie Dubois, déjà de Jean-Charles Tacchella, s’intéressait à un couple qui se sépare d’un commun accord, pour connaître la liberté, après 25 ans de vie commune. Le duo formé par Jacqueline Bisset et Richard Berry dans Les gens qui s’aiment n’est pas sans les rappeler. On y retrouve toujours une grande quête d’affection partagée à part égale avec une grande quête de la solitude. Et dans les deux cas, le deuil est traité. Mais s’il rapproche les deux personnages d’Il y a longtemps que je t’aime, il sépare définitivement Jean-François et Angie tout en consacrant leur amour, lui donnant un sens supplémentaire.

Le doute est le sentiment permanent qui traverse Les gens qui s’aiment. Le doute du couple, le doute d’avoir raté sa vie mais aussi le doute salvateur qui pousse à avancer. Il est particulièrement incarné par le couple joué par Julie Gayet et Bruno Putzulu. Ils sont la jeunesse incarnée mais sont également à un moment décisif de leur vie et l’innocence commence à s’éloigner. Là aussi, Jean-Charles Tacchella, cite un autre de ses films qui est Croque la vie, sorti en 1981. Les trois héros, ex-copains des Beaux-Arts, qui s’y retrouvent, n’ont plus le même enthousiasme et comprennent soudainement que le temps passe vite. Si Les gens qui s’aiment n’a pas eu le succès de Cousin, cousine, il n’en reste pas moins un véritable condensé de l’oeuvre de son réalisateur.