LES BARBOUZES

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Un an après le succès colossal des Tontons flingueurs qui a rassemblé plus de trois millions de spectateurs, Georges Lautner, son scénariste Albert Simonin et son dialoguiste Michel Audiard remettent le couvert et rameutent la fine équipe Ventura/Blanche/Blier pour de nouvelles aventures parodiques, cette fois dans le registre de l’espionnage.

L’enjeu est l’héritage d’un riche Libanais qui collectionnait les brevets d’armes sophistiquées. Quatre agents internationaux se retrouvent dans le château de la veuve, jouée par Mireille Darc, chacun essayant de rafler la mise. Au programme : entente cordiale, satire et ironie à tous les étages.

Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par l’esprit gaulois et cocardier. Audiard et Lautner s’y entendent comme personne pour exploiter la fierté nationale tout en pointant ses défauts. Ils sont servis par une équipe d’interprètes qui se sont rarement aussi bien accordés. Dans le genre, Les barbouzes représente un sommet, et on ne s’en lassera jamais.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NOTRE HOMME FLINT (Même thème d'espionnage international utilisé à des fins parodiques) ou encore L'ESPION QUI VENAIT DU SURGELÉ (Encore une parodie inspirée de James Bond venue d'Italie).

Lorsqu’il s’est agi en 1964 d’exploiter le succès de leurs Tontons flingueurs, Lautner, Audiard et Albert Simonin ont pris en marche le train de la Bondmania qui venait de déferler sur le monde. En effet, c’est seulement deux ans plus tôt que la toute première adaptation de James Bond est arrivée sur les écrans, mais elle a suscité un tel engouement que les premiers effets collatéraux n’ont pas tardé à apparaître. De l’Italie jusqu’à Hollywood, le cinéma s’est emparé à des fins parodiques aussi bien du personnage de super espion que de ses ennemis, qu’ils soient des agents soviétiques ou des savants fous.

C’est dans cet esprit de dérision avancé que Lautner a précipité sa fine équipe dans des aventures fortement marquées par l’esprit gaulois.  Loin des gadgets et du luxe bondien, les barbouzes privilégient le système D, le bricolage et l’improvisation. Audiard se moque de la jeunesse et de la frénésie, et rend leurs lettres de noblesse à des vieux briscards  qui prennent leur temps et dont les principaux travers – le mensonge, la magouille, l’indiscipline - sont glorifiés comme des vertus continentales. 

Lino Ventura y joue le super espion au service du général de Gaulle tandis que Francis Blanche incarne un Russe dynamiteur de salles de bains. Lautner dira de lui qu’il était exactement ce qu’il lui fallait, lui qui aimait les acteurs "qui surjouent, mais qui surjouent juste".

Bernard Blier joue un faux ecclésiastique suisse, lointain parent du personnage de Volfoni qu’il jouait dans Les tontons flingueurs.

A propos de l’esprit délibérément excessif de la parodie, Lautner déclarait : "J’ai voulu introduire dans Les Barbouzes tous les poncifs du genre. Il y avait donc des micros partout, des couloirs secrets, des personnages qui apparaissent et disparaissent, d’autres qui prennent toutes sortes de déguisements, des attentats, des explosions, des bagarres." Et il ajoutait : "Comme dans l’espionnage, la réalité dépasse souvent la fiction, on pouvait aller très loin, presque jusqu’au délire".

Jacques Balutin, dans un rôle de gendarme, a été coupé au montage. Une autre scène non retenue, dans laquelle Robert Dalban détaillait ses techniques d’embaumement, a été utilisée dans Ne nous fâchons pas, tourné deux ans plus tard.  

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