LE VOYAGE DE LILA

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Lila est une petite fille aux cheveux violets qui vit dans un livre, plus précisément dans un pop-up, où le monde est mosaïque, comme un éventail heureux. Mais qu’arriverait-il si elle était exfiltrée dans l’univers des lecteurs?

Le voyage de Lila est un délicieux film d’animation, né en Amérique latine et signé de Marcela Rincon Gonzalez en 2017. Le titre original est El libro de Lila, le livre de Lila évidemment plus explicite.

On va y découvrir une animation à plat, comme pour un livre d’images chatoyants, et, paradoxe, une critique des addictions d’images sur ordinateur, au bénéfice du livre et de l’empathie. Mais ne prenez pas un livre, ou réservez-le pour plus tard, embarquez avec toute la famille pour Le voyage de Lila.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PARVANA, UNE ENFANCE EN AFGHANISTAN (2017) (En version plus politique, le destin d'une petite fille à Kaboul, déguisée en garçon pour nourrir sa famille. Un film au féminin sur l'oppression talibanne mais qui ne renonce pas aux sortilèges de l'enfance. La production est européenne, la réalisation de Nora Twomey.) ou encore KIRIKOU ET LA SORCIÈRE (Michel Ocelot triomphe avec ce film chatoyant dont le petit héros est un enfant d'une Afrique rêvée et probablement disparue. Invoquant les légendes et les mythes du peuple noir, le cinéaste convoque une vision chamanique et généreuse de l'histoire. Un cinéaste blanc au coeur noir.).

Le vrai contre le faux, la fiction plongée dans le réel, sont des thématiques souvent abordées dans le cinéma et la littérature. « Le voyage de Lila » est, au départ, Inspiré d’une citation de L’histoire sans fin le roman de Michael Ende, mis en image en 1984 par Wolfgang Petersen. L’argument était: « Qu’en est-il du devenir des personnages quand un livre n’est plus lu? » . La question du l’irruption d’un monde dans l’autre a toujours habité les récits merveilleux. On pense bien sur à Alice au pays des merveilles adapté par Walt Disney en 1951, au Voyage de chihiro de Myazaki en 2001. Ou encore à Jumanji, en 1995, de Joe Johnston.

Mais l’imaginaire sud-américain, ses rêves précolombiens, ont pris moins de place dans les oeuvres pour enfants. C’est le cas ici dans cet univers créé par Marcela Rincon Gonzalez qui, à la manière d’un douanier Rousseau, met en scène la luxuriance de son pays et le chaos de la ville de Santiago où elle a grandi. Loin de la sinistre Colombie des barons de la drogue, il est plaisant de découvrir un pays où les petites filles rêvent à des statuettes d’argile qui remontent à des  civilisations disparues.

La cinéaste a 40 ans, elle vient du monde du journalisme, et s’inscrit dans un courant féminin de récits pour enfants liés à leur culture nationale. On pense bien sur à Marjane Satrapi pour Persepolis (2007) ou à Nora Twomey avec Parvana une enfance en Afghanistan (2017). Le film a été produit grâce à des capitaux colombiens et uruguayens.