LE JOUR SE LÈVE ET LES CONNERIES COMMENCENT en VOD
- De
- 1981
- 82 mn
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- Comédie
- France
- Tous publics
PARCE QUE
Parce qu’il existe un art délicat de la comédie d’exploitation française, et que ce titre à rallonge en est un des dignes représentants. Le Jour se Lève… et les Conneries Commencent a été écrit et réalisé par un certain Claude Mulot, coscénariste de Max Pécas à la fin des années 1970 après une carrière sous pseudo en tant que réalisateur de pornos. Il annonce très vite la couleur où trois grands gamins (de 26 à 28 ans selon la description officielle) volent un camion-poubelle et s’empressent de le vider sur un automobiliste incivilisé. Le film n’a donc aucune autre prétention que d’enchaîner les gags visuels et autres saynètes plus ou moins douteuses. Le trio principal, celui qui fait les quatre cent coups entre Paris et un camping de province, c’est Blaise, Peter et Sammy (ce dernier étant incarné par Gérard Surugue, plus connu comme comédien de doublage ensuite, surtout pour être la voix officielle de Bugs Bunny depuis 30 ans).
Mais leur capacité de se sortir de tous leurs coups foireux, ils l’obtiennent grâce à leur statut : Peter est fils d’un entrepreneur d’emballages, dont l’avocat débarque tout le temps pour indemniser les victimes de leurs méfaits. Et Sammy vit chez sa copine Roselyne (Valérie Kaprisky, dans son tout premier rôle à l’écran), feignant de vouloir trouver un travail sans en faire beaucoup. Un film très léger dans son ton, mais aussi un peu mordant sur les bords : les trois antihéros arrivent toujours à s’en sortir, s’ils n’arrivent pas à mentir, avec du chantage. Que ce soit des patrons intimidés, un peu trop naïfs, ou encore des chefs de service adultères, les bassesses du trio n’ont d’égal que leur efficacité envers celles et ceux qui veulent les forcer à rentrer dans le droit chemin.
Étrillé par la critique, boudé par le public à sa sortie pendant l’été 1981, Le Jour Se Lève… voit sa gentille anarchie comme un des derniers bastions de liberté de presque-trentenaires forcés de rentrer dans le rang. Même l’apparition de célébrité est à contre-emploi : un Johnny Hallyday immobilisé sous des tonnes de bandages, déterminé à sortir de l’hôpital en moto, et présenté comme aussi irrécupérable que le trio principal – une apparition amicale pour rendre service au réalisateur… Un mauvais esprit assumé tout au long du film, qui peut se voir autant comme un représentant kitsch de la comédie de l’époque tout comme une crise d’adolescence éternelle, vouée à se reproduire au quotidien, comme se hasarde à conclure la formule toute faite à la fin du film : « L’adolescence, c’est comme une prison, il est plus rapide d’y entrer que d’en sortir ». Dont acte.