LA ZONE D'INTÉRÊT

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La "zone d’intérêt" était l'expression utilisée par les Nazis pour désigner le périmètre de 40 kilomètre autour du camp d'Auschwitz. Le film a été tourné sur les lieux-mêmes de l'histoire, à quelques centaines de mètres du camp d'extermination d'Auschwitz, dans une ambiance pesante. Et pour aborder ce sujet difficile, le réalisateur Jonathan Glazer a choisi une mise en scène clinique, dépouillée, qui n'esthétise jamais les faits.

Les faits, justement : près du tristement célèbre camps, le commandant Rudolf Höss vit avec sa famille dans une maison dotée d'un grand jardin, située en bordure du camp d'extermination. Il emmène ses enfants nager et faire de la barque tandis que sa femme s'occupe du jardin et dirige les domestiques, dont certains sont des prisonniers du camp. Hurlements des prisonniers, tirs des soldats, aboiements des chiens, sifflements des trains ou encore machines faisant tourner les fours du camp rythment constamment leurs journées. Ignoble.

Cette violence, cette cruauté, le réalisateur Jonathan Glazer (Under The Skin) a su la mettre en scène comme personne. Comment ? Le film est réalisé avec des caméras disposées à plusieurs endroits de la maison et qui tournaient en continu. Ainsi, l'équipe de tournage n'intervenait que très rarement entre les plans afin que les acteurs puissent improviser et expérimenter sur de longues séquences. Si tout cela vous semble bien trop réal, c'est aussi sans doute Parce que ça l'est.

Grand Prix du Festival de Cannes en 2023 (battu pour la Palme d'Or par Anatomie d'une Chute, également avec Sandra Hüller), meilleur film aux BAFTA, meilleur film étranger aux Oscars... C'est peu dire que La Zone d'Intérêt est un film marquant, important même. Par son sujet, par sa mise en scène, mais peut-être aussi Parce qu'il s'agit là d'un geste de cinéma comme il ne s'en fait plus, ou presque.

Il existe de ces films qui, par leur climat froid et anxiogène, viennent terrasser les spectateurs, souvent, les évènements se succèdent dans un crescendo qui termine en apothéose. Difficile de ne pas évoquer les films de Michael Haneke, de Lars Von Trier ou le chef d’œuvre ...

L'introduction, avec un écran noir qui dure, qui dure, accompagné d'une musique stridente, annonce bien la couleur, La Zone d'intérêt est une expérience aussi bien sonore que visuelle. Ben oui, parce que l'on suit une petite famille, papa, maman, une progéniture ...

Dans une période où la crispation va croissant quant à ce que l’écran peut ou doit donner à voir, aborder le sujet de la Shoah ne peut se faire sans un long travail réflexif. En adaptant le roman de Martin Amis, Jonathan Glazer, dont le dernier long métrage Under the Skin ...