LA ROUE 4 - SYPHONIE BLANCHE

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Sisif vit désormais quasiment reclus dans une pauvre masure isolée à l’arrivée du funiculaire qu’il continue tant bien que mal à faire circuler. Il a perdu la vue et son fils, et n’attend que la mort auprès de son chien qui l’accompagne dans sa vie quotidienne.

Depuis qu’elle a retrouvé la trace de son ancienne famille, Norma ne peut s’en détacher. Elle erre discrète à proximité de la cabane, dans le froid le plus intense. Et même si Sisif la rejette constamment, elle finit par l’amadouer et s’occuper de lui au crépuscule de sa vie.

Cette quatrième et dernière partie, baptisée Symphonie blanche en référence à la cécité de Sisif et à la neige et aux glaciers alentour, est la plus lyrique de toutes, la plus émouvante aussi tout en étant sans doute la moins réaliste. Quand la mort vient frapper le vieux Sisif, Norma et La Roue continuent à tourner.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES DEUX ORPHELINES (Parce qu'il s'agit d'un film de la même époque et du destin contrarié non pas d'une mais de deux orphelines) ou encore LA BÊTE HUMAINE (Un autre drame lié à l'univers du rail, mis en scène par un autre grand nom du cinéma français : Jean Renoir).

Le cinéaste Abel Gance a 34 ans et déjà une vingtaine de films derrière lui quand il entreprend le tournage de La Roue, grande fresque de plus de sept heures sur la Vie et l’Amour. Il sort même d’un premier grand succès international en tant que réalisateur : le film J’accuse qu’il a consacré à dénoncer l’horreur de la première guerre mondiale, à laquelle il n’a pourtant que peu participé à cause de sa santé fragile. Dans sa vie privée en revanche, Gance est malheureux. Comme lui, sa deuxième femme Ida Danis a attrapé la grippe espagnole. Il s’en remet. Chez elle la maladie dégénère en tuberculose. Elle en meurt avant que le montage de La Roue ne soit  achevé. Le film lui est dédié et lui rend plusieurs hommages, comme celle du sanatorium dans les montagnes du Massif du Mont-Blanc. 

La Roue est une œuvre grandiose à plusieurs titres. Sa durée inhabituelle tout d’abord. Le film serait sorti en 1923 dans une version de 4h30, remonté ensuite en dépassant les 8h avant d’être restauré et redécoupé, à compter de 2016, dans une version dite d’origine de près de 7 heures. Ses collaborateurs exceptionnels ensuite. Comme pour J’accuse, Blaise Cendras s’est imposé comme assistant réalisateur d’Abel Gance. L’écrivain en profite pour réaliser un making of Autour de la Roue qui met en avant les innovations de mise en scène et de filmage qu’invente Abel Gance, sa manière de filmer les mouvements comme dans un ballet. Pour cela, il fait appel à son acteur fétiche, Sévérin-Mars, qui décédera juste après le tournage, qu’il entoure de l’actrice anglaise Ivy Close et du comédien corse Gabriel de Gravone. 

Ce chef d’œuvre du muet est entrecoupé de nombreux intertitres qui dépassent les dialogues manquants. De nombreux cartons portent des citations littéraires de Victor Hugo, de Paul Claudel, de Blaise Cendrars ou d’autres écrivains, la plupart s’attardant sur le sens à donner La Roue, qui évoque, tour à tour, la locomotive, la Vie, l’Amour, le destin, la fatalité…  Film muet mais pas qu’en noir et blanc, grâce à de nombreux filtres ou insertions de couleur dans l’image, La Roue est aussi portée par la puissante musique symphonique composée par Arthur Honegger dont il fera l’ébauche de son Mouvement symphonique n°1. Comme le dira Jean Cocteau, « il y a le cinéma d’avant et après La roue, comme il y a la peinture d’avant et après Picasso ».

La découverte de La Roue, projet monumental de plus de 7 heures réalisé par Abel Gance en 1923, a tout d’un événement dans l’univers des cinéphiles. Fruit d’un long et minutieux travail de reconstruction pour rétablir le montage original d’un film qui comporta de ...

La Roue, c’est un récit de 4h30 d’une immense tragédie. Dès le départ nous savons que l’histoire qui va suivre sera sombre. Le film s’ouvre sur cette citation de Victor Hugo « Je sais que la création est une grande roue qui ne peut se mouvoir sans écraser quelqu’un ». ...

Le titre est simple et pourtant l'entreprise est vaste, considérable et périlleuse, mais surtout le thème est universel. A croire que les plus grandes oeuvres ne parlent que de nous et ne veulent qu'une chose, nous parler à nous, au plus près, le plus fort possible. La roue ...