LA BONNE RÉPUTATION

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C’est bien d’être de la classe dirigeante. Donner des fêtes, montrer, se montrer, la belle maison, la belle bagnole, les beaux bijoux, le bon personnel. Oui mais le bon mari va-t-il pouvoir vous rassurer quand tourne le vent économique ?

Ce drame du déclassement dans le Mexique des années 80 est signé de Alejandra Marquez Abella, et il est millésimé 2019. Le titre original est « Las Niñas bien », qu’on traduira par « les filles bien » sous-entendu les filles de bonne extraction, de bonne société.

En réalité c’est un monde oisif et de rentiers, pour ne pas dire de parasites, que décrit la cinéaste qui, dans son pays, a pu les observer de près. Le rôle principal du film est endossé par Ilse Salas, une comédienne de 38 ans au charme étrange, qui parvient d’ailleurs à rendre émouvante un personnage médiocre. Regardez et prenez-en de la graine !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BLUE JASMIN (2013) DE WOODY ALLEN (Un grand Woody Allen qui relate le dénuement subit d'une grande bourgeoise dont le mari a été arrêté. Cate Blanchett incarne cette femme qui trouve refuge chez sa soeur peu fortunée. Mais les différences de classe sociale sont là, et surtout le déni qui mène jusqu'à la folie.) ou encore L'ANGE EXTERMINATEUR DE LUIS BUNUEL (1962) (Un grand film mexicain de Bunuel qui par une allégorie demeurée fameuse enferme les invités d'une soirée bourgeoise dans une maison dont ils ne peuvent plus physiquement franchir les portes. Ce huis clos, proche du théâtre de l'absurde, montre l'effondrement des conventions et la déshumanisation.).

Dans les bonnes années 80 donc, le Mexique, qui vivait à crédit, subit une grave crise économique. Dans la foulée, une partie de la bourgeoisie dévissa et découvrit les affres des fins de mois difficiles. La réalisatrice Alejandra Marquez Abella qui n’a pas connu cette époque, elle n’a que 37 ans, suit au plus près son héroïne, et plutôt que travailler sur la rage et la revanche sociale, filme l’amère comédie des apparences. Perdre la face serait presque pire que de s’appauvrir.

C’est le second long métrage de cette prometteuse cinéaste après « Semana Santa », en 2015, un film sur le deuil et la culpabilité d’une femme dont le mari mourait accidentellement. La perte est donc une thématique de son jeune cinéma. La cinéaste a grandi à Mexico et fait ses études à Barcelone. Son court métrage « 5 memories », en 2009, a été sélectionné dans 140 festivals, aux quatre coins du monde et l’a propulsée sur le devant de la scène. C’est, par ailleurs, une auteure complète qui écrit ses propres scénarios.

Elle est allée chercher pour le scénario de « La bonne réputation » une série de chroniques mondaines écrites par Guadalupe Loaeza, écrivain prolifique mexicain et par ailleurs journaliste dans le quotidien progressiste « Reforma ». Ce fut le premier livre publié par l’auteur en 1985, mais si le film est daté de ces années difficiles, il ne se cache pas d’invoquer une réalité bien contemporaine. Désormais, les femmes du Mexique ont leur mot à dire et leurs images à montrer.

Ce sont d’abord des petits détails, des trois fois rien. Par exemple ce gros papillon noir posé sur un mur couleur beige et qui jure, ou l’eau qui manque aux robinets, ou ce flacon pour crème de nuit presque vide. Plus tard ce sera une carte bancaire refusée, ou le personnel ...

Ce sont des femmes impeccables, parfaites maîtresses de maison et exquises invitées. Cela, c'est quand tout va bien car quand le vernis craque. Las niñas bien, le deuxième long-métrage de la cinéaste mexicaine Alejandra Marquez Abella, est d'une cruauté sans nom pour décrire ...

La Bonne Réputation de la cinéaste mexicaine Alejandra Marquez Abella est un film tout en tonalités sourdes sur l’histoire de Sofia (Ilse Salas), une femme de la bourgeoisie mexicaine victime de la crise des années 80 au Mexique. On n’y entend jamais un mot plus haut que ...