L'HOMME QU'ON AIMAIT TROP

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André Téchiné est le cinéaste des passions. Et plus elles sont violentes ces passions, plus elles semblent galvaniser son cinéma direct et sulfureux. Le long métrage que vous vous apprêtez à regarder (le vingtième de sa carrière) est l’adaptation du livre Une femme face à la mafia de Jean-Charles et Renée Le Roux, respectivement frère et mère d’Agnès Le Roux dont le corps n’a jamais été retrouvé depuis sa disparition en 1976.

Pendant toutes ces années, les soupçons se sont portés sur l’avocat Maurice Agnelet (qu’incarne ici Guillaume Canet) lequel fut l’homme de "confiance" (un mot bien mal choisi vous en conviendrez en regardant ce film), de René Le Roux, propriétaire du Casino de Nice interprétée avec puissance, par Catherine Deneuve.

Catherine Deneuve prête ses traits à la femme d’affaires qui s’est battu près de quarante ans durant pour que la lumière soit faite. Après Hôtel des Ameriques, après Le Lieu du crime, Ma saison préférée, Les voleurs, après Les temps qui changent et La fille du RER, c’était la septième fois que la star retrouvait André Téchiné. Vivement la prochaine. 1976. Après l’échec de son mariage, Agnès Le Roux rentre d’Afrique et retrouve sa mère, Renée, propriétaire du casino Le Palais de la Méditerranée à Nice. La jeune femme tombe amoureuse de l’homme de confiance de Renée, Maurice Agnelet, un avocat de dix ans son aîné. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA PROCHAINE FOIS FOIS JE VISERAI LE COEUR (Guillaume Canet y joue aussi le coupable que personne ne peut soupçonner.) ou encore OMAR M'A TUER (Encore un film inspiré d'un fait divers dont la culpabilité du criminel a donné lieu à diverses controverses et révisions judiciaires.).

Pour écrire le scénario de cet Homme qu’on aimait trop, André Techiné a travaillé, et c’est intéressant, en deux temps : c’est d’abord avec le frère de la victime, Jean-Charles Le Roux, coauteur du livre sur l’affaire, que le cinéaste a mis à plat les faits, leur chronologie, jusqu’à voir naître la structure. Ensuite, inquiet que le film puisse instruire un procès à charge contre Agnelet (toujours considéré comme innocent au moment de la préparation) André Téchiné s’est rassuré en faisant appel à Cédric Anger, autant dire une valeur refuge. Anger, c’est le scénariste avec Xavier Beauvois du Petit Lieutenant, mais aussi le réalisateur de La prochaine fois je viserai le cœur, avec un certain Guillaume Canet, encore, dans le rôle d’un homme qui fait peur. 

C’était la seconde fois qu’André Téchiné trouvait dans un fait divers matière à son récit. En 2009, avec La fille du RER le cinéaste s’était passionné pour la médiatisation donnée cinq ans plus tôt à une fausse agression à caractère antisémite, inventée de toute pièce par une jeune femme à l’imagination débordante. 

L’homme qu’on aimait trop a offert une première à Catherine Deneuve, puisqu’elle a révélé n’avoir jamais eu à jouer un personnage existant. L’actrice, se sentant responsable comme jamais de ce qu’elle racontait, a jugé nécessaire au préalable de se documenter, en lisant tout ce qui concernait l’affaire. Guillaume Canet a eu lui une démarche plus frontale puisqu’il s’est entretenu à plusieurs reprises par téléphone et par SMS avec Maurice Agnelet. «J'avais envie d'entendre sa voix, sa façon de s'exprimer, envie aussi de me rapprocher, de m'attacher un peu plus à lui…

A noter que ce touche-à-tout plutôt doué qu’est Guillaume Canet, ne s’est pas contenté ici de faire l’acteur, puisqu’il se trouve remercié dans le générique, "pour sa participation au scénario".

André Téchiné a vu son film rattrapé par l’actualité lorsqu’en avril 2014, juste avant sa sortie, le fils de Maurice Agnelet accusait l’avocat d’avoir commandité le meurtre de la jeune femme, précipitant sa condamnation à 20 ans de réclusion criminelle. L’accusé, s’est une nouvelle fois pourvu en cassation.

Rappelons enfin que L'Homme qu'on aimait trop fut présenté "Hors Compétition" à Cannes 2014. La Festival  a souvent réservé un accueil chaleureux au réalisateur, qui en 1985, était reparti avec le prix de la mise en scène pour Rendez-vous, le film qui révéla le talent naissant d’une certaine Juliette Binoche. 

Amoureux ou bien noir, quelquefois dans les yeux, mais le plus souvent dans le vague, le regard d'Adèle Haenel vaut à lui seul tous les mérites du nouveau film d'André Téchiné. Tout le jeu de cette actrice merveilleuse passe par ses yeux qui laissent passer la multitude d'émotions ...

Nous sommes à Nice au milieu des années 70, la guerre des Casinos fait rage sur la côte méditerranéenne. Agnès Le Roux (Adèle Haenel) dont la mère (Catherine Deneuve) est la riche propriétaire du Palais de la Méditerranée rentre après quelques années d'un mariage malheureux ...

C'est la deuxième fois, en peu de temps, que Téchiné adapte un fait divers (après La fille du RER). Le procédé est risqué, et la mention "adapté d'un fait réel" me fait de plus en plus peur. Le film commence par la rencontre de Maurice Agnelet et d'Agnés Le Roux. Elle ...