L'ÉVÉNEMENT

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C’est l’histoire d’une jeune femme étudiante à la Faculté de Lettres qui décide d’avorter afin de finir ses études et d’échapper ainsi au destin social de sa famille prolétaire. Mais dans la France de 1963, il s’agit d’un acte durement réprouvé par la loi. Anne choisit la voie de l’illégalité en affrontant seule ce recours à une méthode qui n’est pas sans danger. Cet « événement » coïncide avec sa découverte et sa pratique de l’écriture intime. Il y aura pour elle un avant et un après. Tel est le synopsis du film réalisé par Audrey Diwan. 

L’EVENEMENT est l’adaptation du livre homonyme d’Annie Ernaux, adapté par la cinéaste avec la collaboration de Marcia Romano et Anne Berest. Audrey Diwan, en lisant le livre pour la première fois a été frappée par le dilemme qui le traverse de bout en bout : avorter en risquant sa vie ou y renoncer et sacrifier son avenir. « Le corps et l’esprit », comme elle l’a résumé en une formule éclairante. Soit deux dimensions distinctes et que l’héroïne va choisir de faire tenir ensemble. 

Toute adaptation cinématographique est une forme de trahison reconnues et assumée. Mais Audrey Diwan a tenu à associer Annie Ernaux non dans l’écriture proprement dite du scénario mais dans son avancement et ses évolutions. La cinéaste ainsi fait lire à la romancière chaque nouvelle version du texte. Et la veille du tournage, elle a reçu d’elle  cette phrase de Tchekhov : « Soyez juste, le reste viendra de surcroît. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver J'AI AIME VIVRE LA (Le film documentaire de Régis Sauder repose sur les textes d'Annie Ernaux relatif à la ville dans laquelle elle réside, Cergy-Pontoise) ou encore 4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS (Le film réalisé par Cristian Mungiu raconte, comme L'EVENEMENT, l'histoire d'un avortement clandestin, en Roumanie cette fois lors des dernières années de pouvoir de Ceausescu).

En sortant de la projection de L’EVENEMENT, Annie Ernaux , très émue selon elle, adressa à la cinéaste un autre mot venant confirmer ce qu’elle lui avait écrit à la veille du tournage : « Vous avez réalisé un film juste. » Et d’expliciter un peu plus tard : « Juste, c’est à dire au plus près de ce que signifiait  pour une  fille de se découvrir enceinte dans les années soixante, quand la loi interdisait et punissait l’avortement. Le film ne démontre pas, ne juge pas, ne dramatise pas non plus. » 

Ainsi adoubée et légitimé par celle dont elle adapté l’œuvre, Audrey Diwan rejette l’idée d’avoir seulement fait un film d’époque, sur une situation révolue par conséquent. Pointant du doigt les nombreux pays à travers le monde qui continuent de condamner l’avortement, elle estime que L’EVENEMENT par le biais de la fiction touche à l’universel. 

Pour raconter cette histoire au plus près, Audrey Diwan a choisi un format particulier et plus ramassé que d’habitude, le 1.37. Une façon pour elle de « se concentrer sur l’essentiel », selon ses propres termes. Et d’ajouter : « J’y voyais la possibilité d’écrire mon récit au présent. La caméra fait corps avec l’actrice. Il s’agissait pour le chef opérateur et moi-même d’être Anne, non de la regarder. » Etre en permanence dans la tête du personnage, telle était la volonté assumée de la cinéaste.

On me pose parfois une question à laquelle il n'est pas toujours aisé de répondre : « Qu'est-ce qu'un film d'auteur ? » Plutôt que de partir dans des explications théoriques sur ce concept plus que vague autant se reposer sur des exemples. Et en voici un parfait avec cet ...

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