L'ÉTUDIANTE ET MONSIEUR HENRI

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Pour son quatrième long métrage après Irène, On va s’aimer et Une semaine sur deux ou la moitié des vacances scolaires, le cinéaste et dramaturge Ivan Calbérac a choisi d’adapter au cinéma sa propre pièce de théâtre L’Etudiante et Monsieur Henri. Cette dernière fut créée à Paris en 2015 dans une mise en scène de José Paul avec Roger Dumas et Claudia Dimier dans les rôles principaux. Calbérac, y raconte comment l’arrivée d’une jeune locataire chez un vieux  bougon bouscule son mode de vie solitaire.

Confronté pour la première fois à l’adaptation sur grand écran d’un texte qu’il avait écrit pour le théâtre, Ivan Calbérac a pu s’affranchir de l’unité de lieu tout en faisant apparaître de nouveaux personnages. Si l’histoire reste la même « à 95 % » selon lui, la transposition au cinéma offre la possibilité d’une plus grande complexité dans le profil des protagonistes, ainsi que le cinéaste l’a expliqué : « Dans la pièce, les conventions théâtrales permettaient que mes héros changent rapidement sans pour autant être versatiles. Dans le scénario, on avait beaucoup plus besoin de ressentir le chemin intérieur qui les amène à faire de nouveaux choix. »

Au centre du film et de sa distribution, on remarque évidemment Claude Brasseur qui prenait ainsi la suite de Roger Dumas dont la prestation au théâtre avait été unanimement louée.  Et Ivan Calbérac de raconter son choix : « Je voulais un grand acteur français qui fasse partie du patrimoine cinématographique mais qu’on redécouvrirait dans ce rôle, qui ferait ainsi son grand retour. Et Claude Brasseur s’est imposé dans ce contre-emploi lui qui a si souvent joué des personnages sympathiques et séducteurs, je trouvais excitant de lui confier le rôle d’Henri et de le voir s’amuser à être odieux. » Retrouvons ce grognon !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN PETIT JEU SANS CONSÉQUENCE (Ce film de Bernard Rapp est comme celui d'Ivan Calbérac l'adaptation d'une pièce de théâtre à succès écrite en l'occurrence par Jean Dell et Gérald Sibleyras) ou encore LOVERS (Isabelle Coixet met en scène un vieil homme et une jeune femme dont il tombe fou amoureux.).

C’est peut-être le film le plus emblématique de cette thématique qui a inspiré Ivan Calbérac pour son film, lui comme beaucoup d’autres cinéastes : Le Vieil homme et l’enfant réalisé par Claude Berri en 1967 d’après un scénario largement autobiographique coécrit avec Gérard Brach en résume d’ailleurs le propos général. Il s’agit avant tout de mettre en scène l’improbable rencontre de deux générations que tout oppose, ou presque. Chez Berri, le vieil antisémite Pépé recueille durant l’occupation le petit Claude d’origine juive. Comment ces deux-là vont-ils s’apprivoiser ? C’est tout l’enjeu narratif du film dont on retrouve certains traits communs dans la relation que nouent Monsieur Henri et sa jeune locataire, hors du dramatique contexte historique du film de Berri évidemment.

Preuve de l’universalité d’un tel sujet, on le retrouve en 2005 chez Kim Ki-duk un cinéaste sud-coréen particulièrement doué qui, dans son film intitulé L’Arc raconte l’étrange histoire d’un vieil homme qui vit avec une jeune fille qu’il retient loin du monde, sur un bateau en pleine mer ! Il compte bien l’épouser quand elle aura 17 ans. Mais le rêve se fait obsession et cauchemar lorsque la jeune fille éprouve de l’intérêt pour un jeune homme de la ville.  Loin de se découvrir le barbon et la jeune fille s’éloignent l’un de l’autre et c’est leur antagonisme qui conduit le film.

Mais comment ne pas songer également au film quasiment testamentaire de Claude Sautet, Nelly et Monsieur Arnaud réalisé en 1995 et qui valut à Michel Serrault un César amplement mérité ? Dans le vieil homme tour à tour tyrannique et séducteur qu’il incarne certains ont voulu voir un autoportrait du cinéaste Sautet. Cet ultime film met en scène en effet une jeune femme jouée par Emmanuelle Béart qui par nécessité d’abord devient la confidente dactylographe de ce riche retraité. Entre eux deux s’instaure une relation qui devient peu à peu sentimentale. Et c’est comme chez Calbérac, l’histoire d’un cheminement.

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