L'ATALANTE (VERSION RESTAURÉE)

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A 28 ans, Jean Vigo n’a plus que onze mois à vivre lorsqu’en novembre 1933 il entame le tournage de ce qui restera son unique long métrage : l’Atalante. Après plusieurs courts métrages et un moyen métrage – Zéro de conduite, que la censure avait interdit, l’ayant jugé « anti-français » –, Vigo accepte, en effet, la commande d’un certain Jacques-Louis Nounez, éleveur camarguais passionné de cinéma, qui vient d’acheter un scénario, relativement conventionnel, à un certain Jean Guinée, pseudonyme de Roger de Guichen, employé de banque de son état.

C’est avec Albert Riéra, artiste peintre, homme de théâtre et de radio, libertaire et syndicaliste de dix ans son aîné, que Vigo adapte ce modeste scénario, qu’il qualifiera lui-même de « scénario pour patronage » : l’histoire des amours contrariées d’un couple de jeunes mariniers, dont la femme cède, un temps, aux séduisantes lumières de la grande ville. Comme l’avait prévu Nounez, le jeune cinéaste fera de cette bluette, le chef-d’œuvre que l’on sait.

C’est grâce à Riéra, que Vigo rencontrera Michel Simon dans sa loge du Gymnase, où il joue le Bonheur d’Henri Bernstein.  L’accord du comédien et les discussions qu’il aura avec lui achèveront de convaincre Vigo de se lancer dans l’aventure. Il réécrit complètement le personnage de l’extravagant père Jules pour Simon et confie le rôle du marinier à Jean Dasté – comédien fétiche de Renoir, Truffaut, Resnais et quelques autres – et celui de sa jeune épousée à Dita Parlo – futur coup de cœur de Jean Gabin dans la Grande Illusion. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UNDERGROUND (Emir Kusturica est un grand admirateur de "L'Atalante". Il s'en inspire ici pour les scènes de mariage et les passages sous-marins.) ou encore YOUNG ADAM (Parce que ce troublant film anglais (par le futur réalisateur de "Comancheria"), se déroule également dans le milieu des mariniers.).

Entamé début novembre 1933, le tournage de l’Atalante ne s’acheva que fin janvier 1934, en raison des mauvaises conditions climatiques et de la santé chancelante de Jean Vigo. D’ailleurs, le dernier plan mis en boîte, il partira se reposer à Villard-de-Lans, pendant que Louis Chavance, imposé par la production, s’occupe du montage. Après une première projection dans l’immense salle du Palais Rochechouart, devant un parterre d’exploitants unanimement dubitatifs, un nouveau montage est effectué. Plusieurs scènes sont coupées et la musique de Maurice Jaubert est, en grande partie, remplacée par le Chaland qui passe, une rengaine composée par l’Italien Cesare Andrea Bixio, dont Lys Gauty chante les paroles françaises, signées André de Badet. Les cinéphiles mélomanes se souviendront qu’en 1932 Vittorio de Sica chantonnait déjà la version italienne de cette chanson dans les Hommes, quels mufles ! de Mario Camerini.

Ainsi défiguré, raccourci d’une vingtaine de minutes et rebaptisé le Chaland qui passe, le film de Vigo sort au Colisée, sur les Champs-Elysées, en septembre 1934. Si la presse est bonne, le public reste chez lui. Après trois semaines d’exclusivité, le chaland rentre au port, alors que Jean Vigo (29 ans) meurt « des suites d’une affection septicémique », comme l’annoncera le journaliste Frédéric Pottecher dans le journal Comœdia. Six ans plus tard, en octobre 1940, avec sa musique et son titre original, l’Atalante est à nouveau projeté aux Studio des Ursulines puis dans quelques cinémas de province… toujours sans succès. Il faudra attendre 1949, pour que la dynamique Fédération française des Ciné-Clubs redécouvre l’œuvre de Vigo, qu’elle désigne alors comme l’un des plus grands cinéastes de l’avant-guerre. C’est ainsi que l’Atalante – toujours dans sa version raccourcie – est régulièrement programmé dans les nombreux ciné-clubs de l’hexagone. De plus, à cette époque, grâce à des rushes confiés à la cinémathèque par Henri Beauvais – ancien de la Gaumont et nouveau propriétaire du film –, Henri Langlois tente, en vain, de reconstituer une hypothétique version originale.

Il faudra attendre le début de l’année 1990 pour que l’on découvre dans les caves du British Film Institute, à Londres, une boîte jamais ouverte, contenant une copie complète et en parfait état de la première version de l’Atalante. Avec l’aide de Claude Aveline, l’exécuteur testamentaire de Vigo, du comédien Jean Dasté et de quelques autres, la Gaumont – à nouveau propriétaire du film – investira 1,5 millions de francs dans la restauration de ce classique, à propos duquel Claude-Jean Philippe, dans France-Soir en 1990, prévoyait : « D’ici cent ans, le négatif de l’Atalante atteindra dans une vente aux enchères la somme astronomique que l’on paye aujourd’hui pour une toile de Van Gogh. »

Au début, des scènes se mettent en place et se succèdent, anarchiquement, abruptement, on ne comprend pas si les mariés sont en voyage de noces...et puis non la mariée est la "patronne", femme du capitaine. La suite s'enchaîne : scènettes presque sans lien à part la vie ...

« Eh ben, ça va changer », dit le père Jules voit arriver la fraîche Juliette à bord de L’Atalante, après un long travelling suivant les mariés dans la campagne. En effet, tout va changer. Fini la solitude du marinier Jean, mais fini aussi les illusions de Juliette sur ...

Jean, un marinier travaille sur sa péniche en compagnie du Père Jules, son bras droit. Jean décide de se marier avec Juliette. Celle-ci s'enthousiasme à l'idée de voyager et connaître la ville au cours des escales. Malheureusement, elle s'aperçoit au bout de quelques temps ...