JE SUIS UN CRIMINEL

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à l'origine acteur et metteur en scène de spectacle à Broadway, Busby Berkeley a été engagé à Hollywood pour mettre en scène des numéros musicaux. Sous contrat à la Warner de 1933 à 1939, il y a imposé un style unique dont l'extravagance ne tient pas tant aux chorégraphies elles-mêmes qu'à la manière de les filmer. Berkeley a en effet eu l'idée de faire percer les plafonds des studios pour filmer en plongée les danseurs dans d'incroyables figures géométriques dont les effets de symétrie sont démultipliés par des jeux de miroirs. Ces numéros musicaux ont assuré une telle renommée à Berkeley qu'on en oublierait qu'il a aussi mis en scène des films non musicaux. Le plus célèbre reste sans doute ce polar Je suis un criminel, adapté d'une pièce de théâtre créée à New York en 1933. Ici le rôle principal est tenu par John Garfield qu'on a surnommé le James Dean des années 40. Il n'a pas eu de problème à jouer un champion de boxe puisqu'il s'était initié à ce sport adolescent, quand il avait séjourné dans une école spéciale pour enfant à problèmes. C'est aussi dans cet établissement que Garfield s'est découvert une passion pour le théâtre qui l'a sauvé de sa modeste condition d'enfant du Bronx. C'est en effet son succès sur les planches du Group Theatre, un célèbre théâtre d'avant-garde, qui lui a valu d'être engagé par la Warner en 1938. Après Rêves de jeunesse de Michael Curtiz, Je suis un criminel est son deuxième grand film. Il y donne la réplique à Ann Sheridan qu'il retrouvera dans deux autres longs métrages : Castle on the Hudson d'Anatole Litvak en 1940 et Remerciez votre bonne étoile en 1943.

 
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La chanson On the Waterfall qu'un des jeunes fredonne quand John Garfield prend sa douche est un clin d'œil du réalisateur Busby Berkeley puisqu'elle figurait dans une des séquences de Footlight Parade qu'il avait précédemment mis en scène. On dit que Berkeley avait très envie de tourner cette histoire de boxeur injustement accusé de meurtre parce qu'il avait eu lui-même des problèmes avec la justice. Ce n'était pas un meurtre mais un accident de voiture dont il était responsable et qui lui avait valu d'être interrogé des journées entières avant de revenir le soir au studio où les dirigeants de la Warner l'obligaient à tourner de nuit. Je suis un criminel est le remake d'un film de 1933 La Vie de Jimmy Nolan d'Archie Mayo, avec Douglas Fairbanks Junior et Loretta Young. Par rapport à cette précédente version, le film de Berkeley met l'accent sur les six adolescents en mal de réinsertion que rencontre le héros dans l'Arizona. Leur importance dans ce remake s'explique par le fait qu'ils sont joués par des vedettes de l'époque, les Dead End Kids. Mentionnés ainsi au générique, ils n'ont pas connu de célébrité individuellement. Ils avaient fait leur début au côté d'Humphrey Bogart dans Rue sans issue. Ce qui leur a valu leur surnom en France des « 6 de la rue sans issue ». Dans la foulée, ils ont interprété plusieurs films dont Les Anges aux figures sales et Hell's Kitchen, en 1939 avant de se diviser en sous-groupes de trois ou quatre qui ont connu différents noms, les « Little Tough Guys » ou les « East End Kids ». Les extérieurs de Je suis un criminel ont réellement été tournés dans le désert. Il y faisait si chaud que la pellicule fondait dans la caméra.