HOKUSAÏ

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Le réalisateur Hajime Hashimoto n’est pas un débutant. Avant de se spécialiser dans les films historiques, il a été nominé dans 7 catégories des Japanese Academy Award (l’équivalent japonais des César), dont celle du meilleur film, pour The detective is in the Bar (2011).

Pour retracer la vie d’Hokusai, Hashimoto s’est inspiré de plusieurs documents biographiques consacrés au peintre, dont La vie Katsushika Hokusai, écrit à l’ère Meiji (1868-1912), et de son ressenti personnel. Ainsi, il a choisi de montrer l’artiste comme un être humain, certes remarquable, mais pas inaccessible ou au-dessus du commun des mortels. Il n’est pourtant pas facile de saisir la personnalité du peintre, dont Hokusai n’est qu’un des 120 pseudonymes utilisés au cours de sa longue carrière.

Le film est découpé en 4 chapitres, comme les saisons de vie du peintre. Au printemps de sa vie, il est incarné par Yûya Yagira, célèbre pour avoir remporté à seulement 14 ans le prix d’interprétation masculine du Festival de Cannes pour son rôle dans Nobody Knows (Hirokazu Kore-eda, 2005). Le Hokusai âgé est interprété par Min Tanaka. A la fois danseur, chorégraphe et acteur né en 1945, la carrière artistique encore bien remplie de Tanaka fait écho à celle d’Hokusai, qui jugeait n’avoir rien produit de bon avant l’âge de 60 ans et se réjouissait, à l’âge de 75 ans des progrès qui l’attendaient encore.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MR TURNER (un autre biopic de peintre, ici le Britannique J.M.W.Turner) ou encore BABY CART 4 (parce que le personnage évolue dans les 6 volets de la saga, dans le Japon de la (longue) période Edo, comme Hokusaï).

Plus qu’un biopic sur Hokusai, le film d’Hashimoto dépeint une société répressive, notamment envers les artistes. Le film s’ouvre ainsi sur le saccage d’un atelier de peinture, et la destruction d’estampes jugées vulgaires, inappropriées et ne respectant pas les normes du shogunat qui entend préserver l’ordre moral dans l’archipel, quitte à tuer les artistes, comme on le voit à la fin du film avec la mise à mort de Ryūtei Tanehiko, samouraï et auteur de textes interdits.

Si le réalisateur s’est sans doute parfois éloigné de la réalité dans son portrait d’Hokusai, il a cependant tenu à être le plus réaliste possible dans les scènes de peinture. Supervisés par le professeur Daisuke Mukai, de l’Université des Arts de Tokyo, les acteurs se sont entraînés à tenir leurs pinceaux en fonction du style de chaque artiste. Ainsi, Utamaro se sert d’un long pinceau qu’il bouge en mobilisant son poignet, et Sharaku, qui avait une mauvaise vue, peint comme s’il se collait à la feuille.

Toujours dans un souci de réalisme, le réalisateur a fait appel à de véritables artisans contemporains qui ont reproduit le processus de fabrication des estampes (qui sont des gravures sur bois sérigraphiées et diffusées en grande quantité). Les tirages des œuvres d’Hokusai dans le film sont donc exactement les mêmes que ceux produits à l’époque d’Edo !

Une esquise fragmentée très intéressante mais pas tout à fait aboutie du maître japonais de l'estampe, auteur des célèbres vagues bleues immenses que les historiens de l'art n'ont toujours pas finis de décrypter aujourd'hui.Il y est question de censure d'état, ...

On aurait pu craindre un énième biopic, intéressant mais sans trop de charme. Ce genre de film passe-partout qui convient si bien au format télévisuel : une époque, un peintre, sa vie, son œuvre, ses frasques et ses femmes, sa grandeur et sa décadence, son génie, sa folie… ...

Alors que sa durée initiale est de 129 minutes, bien remplies, la sortie française de Hokusai est annoncée avec une longueur de 90 minutes seulement. Quel dommage, si c'est le cas, tant le film de Hajime Hashimoto ne prend son ampleur que dans sa construction, en deux époques ...