GOGO

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On ne parle bien que de ce qu’on connaît bien : depuis 1997, Pascal Plisson quadrille régulièrement l’Afrique et plus spécialement le Kenya où il a vécu plusieurs années pour réaliser nombre de documentaires pour National Geographic, la BBC et Canal+. Il s’est fait connaître du grand public en réalisant un premier long métrage consacré aux guerriers Massai et c’est au Kenya qu’il a trouvé le sujet de son documentaire le plus fascinant. Gogo : une jeune femme de 94 ans qui en intégrant l’écoe de son village est devenue la plus vieille écolière du monde.  

Mère de trois enfants, sage-femme depuis 75 ans, Gogo a partagé entre 2016 et 2019 les bancs de l’école avec des maîtresses et des élèves qu’elle a fait naître. Encouragée par ses 54 arrière-petits-enfants et l’école tout entière, la doyenne des écolières s’était lancée un défi : réussir son examen de fin de primaire et prouver qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre. Une expérience fascinante, pour elle d’abord, mais aussi pour nous, spectateurs médusés.  

C’est un ami vivant à Nairobi qui avait alerté Plisson sur son existence, après avoir lu un article dans un journal local consacré à Gogo. Il savait que Pascal était toujours à la recherche d’histoires humaines très fortes. Celle-ci a tout de suite fait tilt dans sa tête et après en avoir parlé à sa productrice Marie Tauzia, il est parti près du lac Victoria où vit Gogo. Le reste fut une question d’observation et d’amour de son prochain. Impossible de rester insensible à ce que vous allez découvrir. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE GRAND JOUR (2015) (Parce que Pascal Plisson est passé maître dans l'art de magnifier la vie de gens qui n'ont d'ordinaire que le nom.) ou encore SUR LE CHEMIN DE L'ÉCOLE (2013) (La soif d'apprendre était déjà ici le fil conducteur de ce documentaire, à travers le portrait de quatre enfants du bout du monde dont le quotidien est une odyssée afin de se rendre à l'école.).

Gogo a très vite reconnu ignorer ce qu’était un film, mais s’est montrée d’accord pour être suivie dans son parcours, estimant que cela pourrait servir d’exemple et convaincre d’autres petites filles d’aller à l’école. D’autant, que ses propres arrière-petites-filles n’étaient pas scolarisées : au Kenya on s’occupe plutôt d’éduquer les garçons, ce qui avait provoqué  de l’indignation chez elle. Après avoir bataillé pour convaincre le directeur de l’école qui ne ne croyait pas à sa volonté d’apprendre à lire et à écrire, elle a ainsi intégré l’école avec six de ses arrière-petites- filles.  

Comme dans son documentaire le plus connu, Sur le chemin de l’école, le film se passe très bien de voix off. Une volonté de Pascal Plisson qui souhaitait laisser la voie libre aux dialogues naturels. Une équipe réduite a suivi Gogo au quotidien, en la priant juste de faire les choses qu’elle faisait tous les jours. Rien n’a été scénarisé, mais le réalisateur connaissait l’emploi du temps de Gogo. Il avait pré-installé la lumière dans la classe et tournait à une ou deux caméras, en demandant parfois à l’institutrice de recommencer les dix dernières minutes d’un cours, afin d’avoir le choix d’un autre point de vue. Les enfants étaient alors priés de garder leurs places afin de faciliter les raccords. 

La principale difficulté pour Pascal Plisson a résidé dans l’emploi de trois langues différentes durant les prises de vue. Gogo ne parle que la kalenjin, langue tribale, mais pas le swahili - la langue de l’Afrique de l’Est et que le réalisateur dominait - et pas plus l’anglais, utilisé dans l’entourage de Gogo. De retour à Paris, sur les conseils de l’ambassade du Kenya en France, la production a fait appel à un jeune Kalenjin qui habite Nancy. Il a traduit tous les dialogues et permis au réalisateur de découvrir le sens de l’humour de Gogo sur certaines séquences, mais aussi ses convictions sur l’éducation. Pour Gogo, apprendre, c’est sacré : “Sans éducation, il n’y a pas de différence entre toi et un poulet”.

GOGO de Pascal Plisson avec Priscilha Sitienei et les enfants ! … Priscilha Sitienei, mamie Kényane qui exerce en tant que sage-femme depuis plus de 75 ans, est devenue écolière à 94 ans et partage les bancs de l’école avec ceux qu’elle a fait naître … Voici une ...

Petit au pied de l'écran, visiblement affecté par le jet-lag des voyages à répétitions, presque un peu rabougri : c'est comme ça qu'est apparu le réalisateur Pascal Plisson au beau milieu de mon école à 10h du matin pour présenter son film. J'étais tellement fatigué ...