GARDER TON NOM en VOD
- De
- 2023
- 93 mn
- Policier / Suspense
- France
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Premier film de Vincent Duquesne, Garder ton nom est centré sur le personnage de Fabrice, figure influente de son pays de Cantal, qui vit dans l'admiration d'un père charismatique et ne recule devant rien pour briller à ses yeux. Le film représente la famille comme une machine bien rodée, alimentée par l'obéissance du fils à son géniteur, avant d'en décrire les dysfonctionnements qui apparaissent lorsque Fabrice décide de quitter la région. Une autre mécanique se fait alors jour dans la narration, celle de la loi du silence qui précipite le jeune homme dans une spirale de violence tragique.
Car sous ses oripeaux de thriller lorgnant vers le cinéma américain (Scorsese et Coppola en influences évidentes), le film impressionne surtout en qualité de tragédie. Le cinéaste filme son territoire comme un éden contaminé par un poison : à la beauté tranquille des paysages de rivière dans lesquels Fabrice se réfugie en pensée, s'oppose la violence sourde du patriarche qui mue le rêve en cauchemar. Le récit se met alors au diapason de la fatalité, scandée au montage par des coupes sèches qui s'abattent sur les personnages comme des couperets.
Pour figurer la marche implacable du destin, Vincent Duquesne est aidé par ses talentueux comédiens. Il faut voir comment Patrick Rocca, ogre lourd et minéral, dévore littéralement l'espace du cadre dans les scènes intimistes de dialogue avec son fils. Face à lui, Nicolas Fustier - dont c'est le premier rôle – adopte un jeu instinctif, animal, alternant habilement entre la prédation et l'effacement. Dans le costume du jeune apprenti, le plus expérimenté Pablo Pauly n'est pas en reste et offre un contrepoint touchant et nécessaire à la pulsion virile qui agite le duo père-fils.
D'une main assurée, le réalisateur confère à sa chronique familiale une dimension mythologique à l'aide d'une mise en scène volontiers opératique, particulièrement dans les séquences d'action. Ralentis, lumière stylisée, violons stridents : toutes les puissances de la grammaire cinématographique sont mobilisées pour exhiber la triste réalité de ces pantins esclaves de la condition humaine, et finir d'élever cette fiction au rang de fable universelle.