Le réalisateur Rodd Rathjen est australien et Freedom est son premier long métrage, après une série de courts très remarqués. Il explique comment lui est venue l’idée du film : « Je lisais des articles sur l’industrie de la pêche thaïlandaise il y a quelques années et je suis tombé sur le recensement de ceux qui ont survécu à ce monde et ça m’a dévasté quand j’ai compris ce qui s’y déroulait. Je me sentais très coupable face à ma propre ignorance. D’autant plus que personne n’essayait de changer les choses, alors que c’est un problème qui dure depuis des décennies. » Il a voulu, je cite, « devenir leur porte-voix à travers ce film » et il a donc rencontré de nombreuses victimes survivantes pour raconter de manière très fidèle leur terrible expérience.
C’est via diverses ONG, en Thaïlande et au Cambodge, que Rodd a rencontré ces survivants. « Les survivants et leurs familles sont très vulnérables et leur identité est protégée, ça ‘complique’ un peu les choses. Mais quand j’ai expliqué quel était le projet, quelle était ma démarche, les gens étaient prêts à raconter. » Tout ce qui se déroule dans le film lui a été raconté par des survivants mais le réalisateur avoue que cela reste difficile de retranscrire exactement l’horreur de ce qu’ils ont vécu. « Je constate parfois l’incrédulité du public face à ce qui est raconté dans Freedom, et pourtant c’est difficile de rendre compte de la stricte réalité. Il faut trouver l’équilibre entre l’authenticité et ce que les spectateurs peuvent supporter. La violence du film n’est d’ailleurs pas très graphique, elle est davantage suggérée mais c’est parfois plus efficace. »
Si le jeune garçon Sarm Heng est un acteur amateur, Thanawut « Dam » Ketsaro, qui joue Rom Ran le tortionnaire, est, lui, professionnel. « Je ne crois pas qu’il ait l’opportunité en Thaïlande de jouer des films sérieux. Il voulait donc vraiment le rôle, se souvient le réalisateur. La sensibilité du cinéma thaïlandais est un peu différente : tout est poussé à son paroxysme et j’ai beaucoup dirigé Dam dans un certain minimalisme. Je lui demandais d’intérioriser et d’être moins ouvertement expressif. » Rodd Rathjen a également embauché d’anciens pêcheurs dans des rôles sans dialogues afin que leur expérience enrichisse l’authenticité de Freedom.