FAMILY LIFE

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Quand en 1972, le cinéasteanglais Ken Loach présente son film Family Life, il a déjà réalisé deux longs métrages pour le cinéma et pas moins de onze téléfilms pour le petit écran britannique dont l'immensément regardé Cathy come Home consacré à la crise du logement.

Dans son film précédent, Kes, il s’intéressait à l’enfance et à l’école. Cette fois, avec Family Life, il fait le portrait d’une jeune ouvrière surexploitée en proie à la dépression et que l’on guérit à coups de médicaments et d’électrochocs. Ecrit par David Mercer, le scénario est une véritable machine de guerre contre les valeurs traditionnelles de la famille et plus encore contre une médecine qui ne tient pas compte de la personnalité des patients et du contexte social dans lequel ils évoluent au quotidien. 

Le scénario du film, il convient de le noter, est en fait le prolongement d’une dramatique télévisée que Ken Loach avait réalisée en 1967 toujours en collaboration avec David Mercer. Tous deux sont alors très influencés par les théories de l’anti-psychiatrie lesquelles remettent nettement en cause les traitements de la schizophrénie notamment. De ce point de vue, Family Life est film résolument engagé et qui fonde son discours social sur une enquête quasi documentaire.

 
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Pour tenter d’approcher au plus près la réalité médicale, Ken Loach fit en sorte de faire travailler ses acteurs dans des conditions très naturalistes. C’est la raison pour laquelle, il ne leur a pas donné le script du film avant le tournage, leur interdisant ainsi de trop préparer leur personnage et les scènes proprement dites. Dans le même ordre d’idée, la quasi-totalité du film sera tourné dans la continuité du scénario. De cette façon, les acteurs découvrent l’évolution de l’histoire au fur et à mesure.

Loach leur demande même d’être réactifs face au psychiatre notamment, l’un des personnages clés du film. Il attend de ses acteurs des réactions spontanées, évitant de les diriger avec trop d’indications paralysantes. Une méthode de travail très particulière qui est renforcée par le fait que la plupart des acteurs de Family Life sont des non professionnels choisis pour leur personnalité et leur authenticité face à la caméra.

C’est ainsi que Grace Cave, qui interprète le personnage de la mère, a été recrutée par Loach au sein d’une Association de femmes conservatrices ! Plus symptomatique encore le personnage du psychiatre, le docteur Donaldson dans le film, est incarné par Mike Riddall lequel est un véritable psychiatre. Ce statut très particulier fait de lui un metteur en scène bis dans la mesure où il se comporte face aux autres acteurs comme face à ses propres patients pour les conduire vers la guérison. Pour toutes ces raisons, le tournage ressembla parfois à un psychodrame en action, fiction et réalité se mêlant étroitement pour le plus grand plaisir de Ken Loach  qui privilégie dans son cinéma les effets du réel.

Le film référence de l’antipsychiatrie des années soixante-dix, pleine époque de ce courant controversé mais toujours intéressant à considérer. Ken Loach donne là un film austère, ayant la forme d’un documentaire avec des moments de dialogues en plans resserrés sur ...

Bien entendu, Family Life, comme tout film de Ken Loach qui se respecte, accorde une importance primordiale à ses personnages. Mais, comme il se doit, ces protagonistes ne sont pas coupés de leur environnement. On sait que le réalisateur aime se plonger lui-même dans le milieu ...

Réalisé par Ken Loach à ses débuts, deux ans après la révélation via Kes, Family Life est peut-être son film le plus important et populaire. C'est le remake d'une pièce pour la BBC (In two minds en 1967), dirigée par Loach et écrite par David Mercer, aux mêmes postes ...