EVOLUTION

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Evolution de Kornél Mundruczó suit l’évolution d’une famille sur trois générations. Le réalisateur passe de la Seconde Guerre mondiale au Berlin contemporain en suivant une enfant revenue des camps de concentrations, sa fille et le fils de cette dernière. Entre souvenirs fantasmés et réalité, le réalisateur hongrois parle de ce que signifie la judéïté en brossant des portraits fascinants de personnages atteints dans leur chair ou dans leur héritage douloureux. Son film singulier montre, comme l’indique son titre, comment la douleur insupportable évolue en se transmettant de génération en génération.

C’est la quatrième fois que Kornél Mundruczó et Kata Wéber collaborent pour un scénario. Ils avaient déjà écrit ensemble ceux de White God (2014), La Lune de Jupiter (2017) et Pieces of a Woman (2021). Uni à la ville comme professionnellement, le duo estime être complémentaire artistiquement mais ne s’interdit pas de travailler avec d’autres personnes que ce soit pour le théâtre ou le cinéma. 

Evolution est l’adaptation d’une pièce de théâtre écrite à quatre mains par Kornél Mundruczó et Kata Wéber en 2019. Il s’agissait d’un spectacle musical articulé sur le Requiem de Ligeti qu’ils ont monté avec la compagnie Proton, pour la Ruhrtriennale. Il s’agissait d’un concert de musique classique réunissant plus de cent musiciens et cent choristes et qui était donc très différent du film. Evolution a été présenté à Cannes sous le label Cannes Première en 2021.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES SECRETS DE MON PÈRE (Véra Belmont évoque les rapports d'une famille juive avec le père revenu des camps dans ce film d'animation bouleversant.) ou encore LE FILS DE SAUL (Lazlo Nemes plonge dans l'horreur du camp d'Auschwitz pour un film aussi puissant qu'immersif.).

Les deux premières parties d’Evolution sont inspirées de la vie de la mère de Kata Wéber, la coscénariste. La troisième partie est basée sur la vie berlinoise qu’elle mène avec Kornél Mundruczó ainsi que sur celle de plusieurs de leurs amis. Ils évoquent leur arrivée à Berlin quand ils ont quitté la Hongrie puis leur adaptation dans cette nouvelle ville. C’est à la mort de sa mère que la jeune femme a ressenti le besoin d’aborder la question de l’identité juive. Elle souhaitait s’interroger sur l’identité que l’on transmet à ses enfants et c’est de ce questionnement qu’est né le film. 

Le premier segment du film a été tourné en une seule prise jusqu’au moment où les personnages sortent à l’air libre. Elle dure trente-six minutes. Le réalisateur cherchait à transmettre la terreur et le traumatisme qui vont se communiquer de génération en génération. Il voulait montrer de façon surréaliste la terreur indélébile qui hante les personnages. Lors de ses recherches, il a trouvé un récit d’Imre Kertész sur les enfants vivants qu’a retrouvé la Croix Rouge polonaise en nettoyant les camps. Cela a constitué le point de départ du film. 

Selon ses créateurs, le thème principal d’Evolution est : comment ce que nous n’avons pas vécu peut avoir un impact aussi fort sur notre enfance. Ils savaient qu’ils vivaient les derniers moments où ils pourraient parler aux survivants des camps et voulaient rendre hommage à cette génération qui est sur le point de disparaître. Le tournage a été très court et s’est déroulé pendant sept jours à Budapest et sept jours en Allemagne au printemps 2021. Le tournage du plan-séquence a pris trois jours et demandé treize prises. C’est la dernière qu’ils ont gardée au montage final.

Trois histoires. Trois époques. Trois générations. Deux personnages féminins, suivis d’un jeune homme, qui donnent leur prénom en guise de titre pour chacun des trois chapitres du film : Eva, Lena, Jonas. Chacun imbriqué dans l’autre, à la manière des poupées russes ...

L’art est affaire d’expression : mener vers l’extérieur une émotion, qui souvent relève de la nécessité quant à sa formulation. Dans cette approche résolument cathartique, un certain nombre de sujets indicibles hantent les œuvres, au premier rang desquels on trouvera ...

Evolution s’empare d’un dispositif de mise en scène, en l’occurrence la contrainte du plan-séquence, pour mieux le réinventer par trois fois, si bien que les segments, qui marquent un changement de génération, dialoguent les uns avec les autres : au huis-clos central ...