EDEN À L'OUEST

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Si le cinéma facilite notre compréhension du monde, alors Constantin Costa-Gavras a été, est toujours et restera l’un de nos meilleurs “professeurs”. Ses films sont depuis cinquante ans comme autant de photographies de la société, avec ses paradoxes, ses carences et parfois seulement ses réussites. Avec Eden à l’Ouest, sorti en 2009, il se fait fabuliste en nous donnant à partager le récit d’une sorte d’Ulysse des temps modernes, tenté par l’exil afin de chercher une terre d’accueil. 

Comme dans L'Odyssée, c'est d’ailleurs en mer Egée, mais à bord d’un cargo pourri, que commence l'aventure d'Elias, interprété par le beau Riccardo Scamarcio, héros sans légende. L’Eden, ou la manière dont il se le représente, s’appelle Paris et c’est là qu’il rêve d’arriver pour vivre enfin, et s’enraciner un jour. Evidemment, les péripéties ne vont pas manquer jusqu’à atteindre sa destination et bien que d’un drame il s’agisse, Costa-Gavras a opté pour le ton de la comédie. 

"Eden à l'Ouest écrit le réalisateur dans sa note d’intention, tente de faire écho au parcours, à l'errance, à l'histoire de ceux - hier ce fut nous-mêmes ou nos pères et mères - qui traversent la terre, bravent les océans et les uniformes à la recherche d'un toit. L'histoire d'Elias n'est pas celle d'Ulysse, ni la mienne. Mais je me reconnais dans Elias, cet étranger qui ne m'est pas étranger..."

 
Dans le même genre vous pouvez trouver NULLE PART TERRE PROMISE ou encore TRAVAIL AU NOIR (En 1982, déjà sur le ton de la comédie, Jerzy Skolimowski racontait le quotidien de maçons polonais sans papier débarqués à Londres pendant que l'état de siège était déclaré dans leur pays.).

Pour Costa-Gavras, Eden à l’Ouest était une nouvelle manière de dire la brutalité de notre monde libéral. Elias n’est pas prêt à tuer pour sortir du chômage comme José Garcia dans Le couperet (2005), ni à faire tomber la banque qui ruine ses actionnaires comme Gad Elmaleh dans Le capital (2012), mais les faits sont là. S’il a risqué sa vie en mer pour joindre les rives d’un monde plus clément c’est parce qu’il a faim et parce qu’il a froid, qu’il cherche une vie plus digne et que la France représente pour lui, au moins vue de loin, cet Eden dont il rêve. Difficile de ne pas voir en ce personnage, le double de Costa-Gavras, débarqué dans les années 50 et ayant choisi la France parce que la scolarité y était gratuite pour cet étudiant sans un sou. 

Pour renforcer l’aspect comédie, Costa-Gavras a conçu son film quasiment comme un muet. Peu de dialogues et pour cause, puisqu’Elias est étranger aux langues qu’il entend. Quant à celle qu’il parle avec ses camarades d’infortune sur le bateau, elle a été inventée par le réalisateur et son scénariste Jean-Claude Grumberg, afin qu’on ne puisse pas lui attribuer une nationalité. 

Les rencontres que fait Elias durant son périple sont cocasses, dramatiques parfois aussi, mais on note que ce n’est que lorsqu’il croise la route des femmes qu’il se produit des choses positives dans sa vie. A l’encontre d’une grande partie de l’opinion, le cinéaste grec ne pense pas que l’immigration soit un danger pour la société et qu’au contraire elle l’enrichit. En choisissant la légèreté pour nous raconter l’histoire de ce déraciné, Costa espérait en 2009 en faire admettre l’idée par le grand public. Cependant, des années après la sortie d’Eden, on peut vérifier que le cinéma a beaucoup de vertus, mais pas le pouvoir de changer complètement les regards. 

Le seul film de Costa-Gavras que j'avais vu c'est Le Couperet et j'avais beaucoup aimé, ce soir j'ai eu l'occasion de voir Eden à l'Ouest, au départ j'avais pas forcement envie de le voir, j'hésitais à zapper et puis au fil du film je me suis laisser prendre par ce coté road ...

Costa-Gavras réussit à mettre en oeuvre une odyssée moderne et profondément humaniste, porté par le charismatique Riccardo Scarmarcio, héros chaplinesque, presque muet, parfois burlesque et souvent attachant. ...

Un film de Costa Gavras est toujours un évènement. Même s'il est moins médiatique qu'il ne l'a été, le cinéaste Greco-Français est l'un des metteurs en scène les plus primé de ces 35 dernières années (palmes d'or à Cannes, oscar, césar, ours d'or à Berlin...). Ses ...