DROLE DE DRAME (VERSION RESTAURÉE)

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De Drôle de drame, est surtout passé à la postérité une réplique, parmi les plus célèbres du cinéma français d'avant-guerre : le fameux « Bizarre, vous avez dit bizarre ? ». Elle pourrait être une définition d'un film à part.

Dans la production de l'époque Drôle de drame dénote par son goût pour l'absurde ou une inattendue convergence de registre, invitant l'humour noir britannique et le vaudeville français, rythme physique et acrobaties du langage, autour d'un dîner de famille.

Marcel Carné à la réalisation, Jacques Prévert aux dialogues encadrent une comédie en dehors des clous, y compris des leurs, Drôle de drame ayant peu de choses à voir avec le réalisme poétique dont le metteur en scène et le dialoguiste seront des orfèvres. Sauf peut-être quand derrière une aimable fantaisie, se cache un regard sur une époque où l'on jetait facilement n'importe qui en pâture sur la foi de soupçons, avérés ou non. En 1937, il était encore possible d'en rire...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SOUPÇONS (Ce classique d'Hitchcock entretient des liens inattendus avec Drôle de drame, de la suspicion comme ressort scénaristique à un ton désinvolte.) ou encore ARSENIC ET VIEILLES DENTELLES (Drôle de drame a une chose en commun avec cette perle de comédie noire à l'anglaise : son humour.).

En 1936, Marcel Carné et Jacques Prévert travaillent à un second film en commun après Jenny. Ils espéraient prolonger cette entreprise de rénovation du mélo, modernisée par des dialogues fleuris ou des lieux insolites, avec L'île des enfants perdus, récit d'une mutinerie dans un bagne pour enfants. Le projet ne passera pas le cap de la censure de l'époque. Leur producteur, leur propose en remplacement de s'attaquer à un roman policier anglais dont il a acquis les droits. Drôle de drame reformera peu ou prou la même équipe technique que Jenny : Carné et Prévert donc, mais aussi Joseph Kosma à la musique, le chef opérateur, Roger Hubert et les comédiens Jean-Louis Barrault et Françoise Rosay

A ce petit monde qui se connait bien, s'ajoutent les deux têtes d'affiche : Louis Jouvet, en évêque anglican soupçonneux et Michel Simon en cousin chez qui il s'invite. Les deux vedettes, elles aussi se connaissent déjà, pour avoir été en commun à l'affiche de plusieurs pièces de théâtre, mais se détestent cordialement. Un manque d'atomes crochus qui va cependant servir le tournage, Jouvet et Simon transformant les dialogues acérés en piques personnelles. Quand ils ne passaient pas plus clairement à l'offensive en tentant de se saouler l'un l'autre, notamment lors des scènes de repas où était servi à chaque prise du champagne.

Convaincus d'avoir signé une comédie aussi populaire qu'enlevée, Carné et Prévert sont confiants lors de la sortie du film en octobre 37... Or, ce sera un échec. Dépités, le réalisateur et le scénariste délaisseront cette veine loufoque, sans pour autant se séparer, pour travailler sur de futurs grands classiques, du Jour se lève à Quai des brumes ou Les enfants du paradis. Drôle de drame en deviendra un lui aussi, mais avec sa ressortie en 1951, où le public plébiscite enfin cette farce irrévérencieuse.

Des français qui s’essaient à l’humour anglais, un tantinet morbide de surcroit, ce n’est pas si fréquent et saluons ici la courageuse tentative. 1937, deuxième collaboration de Carné-réalisateur et de Prévert-scénariste-dialoguiste (après un Jenny inconnu au bataillon). ...

Franchement, vu le délire total auquel s'apparente "Drôle de drame", je n'aurais pas pensé autant apprécier... Deuxième film seulement de Marcel Carné (juste avant "Quai des brumes", "Hôtel du Nord" etc...), qui adapte avec Jacques Prévert un obscur auteur anglais, et ...

Voici sans aucun doute un des plus célèbres films du cinéma français d'avant-guerre, un de ces joyaux comme on n'en fait plus et qui avaient vraiment un style. Il fut un demi-échec ou un demi-succès c'est selon, lors de sa sortie en 1937, peut-être en raison de son ton d'humour ...