DÉTECTIVE DEE : LE MYSTÈRE DE LA FLAMME FANTÔME

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C’est à la Mostra de Venise 2010 que fut projeté, pour la première fois, Détective Dee, le Mystère de la flamme fantôme, un « Wu Xia Pian », c'est-à-dire un film de sabres, pour ne pas dire de capes et d’épées, réalisé par un maître du genre, Tsui Hark, l’auteur de la fameuse série de « Wu Xia Pian » intitulée Il était une fois en Chine, dont il réalisa, lui-même, trois épisodes, sur les six qu’il produisit entre 1992 et 1997.

Nous voici donc en Chine, à Luoyang, en 690. Inutile de vous rappeler que nous sommes donc en pleine dynastie Tang et que, cette année-là, doit être couronnée l’impératrice Wu Zetian, seule femme à avoir été couronnée « Impératrice de Chine » et pas seulement « Impératrice régente », comme d’autres. Mais, des phénomènes étranges, voire terrifiants, mettent soudain en péril son accession au trône. C’est pour enquêter et mettre fin à ces désordres que la future impératrice fait appel au détective Dee, un homme qu’elle avait, elle-même, fait mettre en prison, le jugeant trop rebelle. Avec ses compagnons d’armes et au mépris de sa propre vie, le Détective Dee va donc essayer de résoudre l’énigme et, peut-être, parvenir à déjouer les plans des conspirateurs. Suspense... !

La filmographie de Tsui Hark, prolifique cinéaste hongkongais, né au Vietnam en 1950, est particulièrement impressionnante. Entamée en 1979, elle compte plus de 40 titres lorsque sort le film que vous allez voir, sans compter ceux qu’il a uniquement produits, écrits ou interprétés, comme, par exemple, Le Syndicat du crime, de John Woo. Il s’est fait une spécialité des grosses productions avec costumes somptueux et décors gorgés de couleurs chatoyantes, le tout rempli, à ras bord, d’effets spéciaux hollywoodiens, raison pour laquelle, il fut surnommé le « Steven Spielberg asiatique » ! Dans cette imposante filmographie, on peut se souvenir de The Butterfly Murders, son premier long métrage, de Zu, les guerriers de la montagne magique et de Time and Tide, en revanche, on peut oublier Double Team et Piège à Hong Kong, deux films tournés à Hollywood à la fin des années 1990 avec l’inénarrable Jean-Claude Van Damme.

Voici donc Détective Dee, le Mystère de la flamme fantôme, qui reçut les Hong Kong Film Awards du meilleur son, des meilleurs costumes et maquillages, de la meilleure actrice pour Carina Lau et du meilleur réalisateur.  

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA CITÉ INTERDITE (2006) (Dans cet autre Wu Xia Pian (film de sabres), c’est l’Empereur, cette fois, qui est visé par un complot et une lâche trahison...) ou encore KILL BILL : VOLUME 1 (2003) (Ici, Quentin Tarantino rend, entre autres, hommage aux Wu Xia Pian (films de sabres), dont il est, depuis longtemps, un fervent admirateur.).

Le détective Dee est un personnage littéraire très célèbre en Chine, mais aussi en Occident, sous le nom de Juge Ti. Sous cette identité, et sous la plume d’un diplomate et écrivain hollandais, on le retrouvera dans plus d’une vingtaine de romans policiers, se déroulant au cœur de la fameuse dynastie Tang. Plus tard, au début des années 2000, le français Frédéric Lenormand reprit le personnage dans une dizaine de romans dont les intrigues et les titres font, un peu, penser à Agatha Christie : Petites meurtres entre moines, Thé vert et arsenic ou encore Dix petits démons chinois. En fait, le Juge Ti, ou Détective Dee, a vraiment existé. Fils de Mandarin, né en 630, il devint un juge très brillant et très célèbre pour ses déductions dignes du futur Sherlock Holmes. Il finit sa carrière comme ministre de l’impératrice Wu Zetian et son existence fut scrupuleusement rapportée dans plusieurs anciens livres chinois. Mais, la première partie de sa vie étant relativement peu connue, elle laissa le champ libre à l’imagination des auteurs. Et pourtant, malgré cette imposante production littéraire, vous venez de voir le premier film consacré à l’une de ses aventures, si l’on excepte un téléfilm américain diffusé en 1974 et intitulé Judge Dee and the Monastery Murders.

Dans le rôle de cet icône historique devenu héros cinématographique, vous avez vu la grande star hongkongaise, Andy Lau, déjà dirigée par Wong Kar-wai dans Nos années sauvages en 1988, Johnnie To dans Running Out of Time en 1999 ou encore Zhang Yimou dans Le Secret des poignards volants en 2004, et, dans le rôle de l’intransigeante impératrice avide de pouvoir, Tsui Hark dirige Carina Lau, également vue dans Nos années sauvages de Wong Kar-wai mais, aussi, dans Les Fleurs de Shanghai, de Hou Hsiao Hsien.

Vous avez peut-être remarqué au générique du film, le nom de Tony Leung, dans le rôle de Shata, l’architecte manchot. Attention, ce Tony Leung là, n’est pas le Tony Leung de In The Mood for Love et de nombreux autres films de Wong Kar-wai. Non, ce dernier se nomme Tony Leung Chiu Wai, alors que celui que vous avez vu dans le film n’est autre que Tony Leung Ka Fai, que vous avez certainement reconnu, tout de même, puisque c’était lui l’amant, dans L’Amant de Jean-Jacques Annaud, d’après Marguerite Duras.

Pour chorégraphier les combats du film, Tsui Hark fit une nouvelle fois appel à Sammo Hung. Né en 1952, c’est à 7 ans qu’il intégra l’école de l’opéra de Pékin où étudiait un autre gamin de son âge, Chan Kong-sang, plus connu, quelques temps plus tard, sous le nom de Jackie Chan. Comédien, danseur, assistant chorégraphe dans une trentaine de films, dont Le Jeu de la mort, le dernier Bruce Lee, Sammo Hung participe régulièrement aux films de Tsui Hark, depuis 1983.

Sorti en France le 20 avril 2011 – le même jour que La Fille du Puisatier, le remake de Daniel Auteuil –, Détective Dee resta sept semaines dans le Top 40 des films exploités en France, cumulant un total de 231.000 spectateurs.

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